La photosynthèse continentale s’accroît au même rythme que le CO2 atmosphérique !

végétation arbres
Crédits : Max Pixel.

La photosynthèse continentale s’est accrue au même rythme que la concentration atmosphérique en CO2 au cours du dernier siècle. C’est ce qu’indique une nouvelle étude dirigée par une équipe de chercheurs franco-australienne. Les résultats ont été publiés dans la revue Trends in Plant Science ce 16 mai 2019.

Les plantes capturent le dioxyde de carbone (CO2) présent dans l’air et libèrent du dioxygène (O2). C’est la résultante bien connue de la photosynthèse. Son opposée, la respiration, consomme l’O2 et relâche du CO2. Dans un écosystème en équilibre, ces deux flux tendent à se compenser.

Actuellement, il y a un déséquilibre à cause des rejets massifs de CO2 liés aux activités humaines. Ainsi, plus de carbone est capturé par la végétation qu’il n’en retourne à l’atmosphère. Sans ce puits, la hausse de CO2 et le changement climatique résultant seraient encore plus rapides qu’ils ne le sont déjà.

Cependant, on peut se demander comment la végétation réagit à l’augmentation effrénée de CO2 dans l’air. Aussi, ses influences modératrices ne s’atténuent-elles pas à mesure que le climat se réchauffe ? Cette thématique a été abordée dans un article paru dans la revue Trends in Plant Science ce 16 mai 2019. Dans ledit papier, les chercheurs ont évalué l’évolution de l’activité photosynthétique terrestre à l’échelle globale de 1900 à 2013.

Une photosynthèse plus active

Un des résultats majeurs mis en avant par l’étude est que la photosynthèse a augmenté dans les mêmes proportions que le CO2 atmosphérique. « Nous nous attendions à ce que les deux se corrèlent car le CO2 stimule la photosynthèse. Mais, étant donné la complexité des interactions entre les plantes et l’environnement, nous avons été impressionnés par la proximité avec laquelle les courbes se suivent », relate Lucas A. Cernusak, auteur principal de l’étude.

photosynthèse tendance
Évolution de la production primaire brute (noir) et du CO2 atmosphérique (vert) entre 1900 et 2014. La courbe noire a été obtenue avec le modèle CABLE (community atmosphere–biosphere land exchange). En rouge, une estimation de la production primaire brute via un proxy atmosphérique. Crédits : L.A. Cernusak & al. 2019.

Les scientifiques se sont basés sur des travaux préexistants ainsi que sur de nouvelles données obtenues grâce à un modèle et des analyses en laboratoire.

Leur travail révèle qu’à l’échelle globale, la production primaire brute – une manière de mesurer la photosynthèse – a été accrue en premier lieu par l’effet fertilisant du dioxyde de carbone. En effet, il permet une photosynthèse foliaire plus efficace ainsi qu’une meilleure utilisation de l’eau par le végétal. Ce qui est particulièrement bénéfique dans les environnements semi-arides. Pour les climats des hautes latitudes, l’allongement de la période végétative dû au réchauffement des températures participe à cette tendance générale.

De ce fait, globalement, la végétation capte de plus en plus de dioxyde de carbone.

L’urgence climatique reste d’actualité

« (…) cela ne doit pas être interprété comme une réduction de l’urgence avec laquelle le changement climatique doit être traité en réduisant considérablement et rapidement les émissions de CO2 », précise l’étude dans sa conclusion. Par ailleurs, les chercheurs préviennent qu’à mesure que le climat se dérègle, les impacts négatifs – canicules, sécheresses… – finiront très certainement par l’emporter.

Plutôt, « il s’agit d’un important pas en avant dans la tâche longue et complexe qui consiste à évaluer comment la végétation terrestre réagira au changement climatique à long terme », ainsi que le souligne l’auteur principal du papier.

En conclusion, les faits rapportés plus haut nous montrent que les plantes réagissent au maximum de leur potentiel face à l’évolution environnementale en cours. Tâchons de nous en inspirer.

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