La barbe des hommes a-t-elle évolué pour absorber les coups de poing ?

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Crédits : StockSnap/pixabay

Tout comme la crinière des lions permet de protéger les mâles des attaques de leurs ennemis, la barbe des hommes pourrait avoir évolué pour amortir les coups de leurs adversaires, avance une étude.

Tout au long de l’histoire les barbes ont été célébrées par de nombreuses cultures, considérées selon certains ethnologues comme l’un des attributs fondateurs de la virilité. C’est encore le cas aujourd’hui. Chez beaucoup, la barbe est également considérée comme un attribut purement esthétique. Du point de vue évolutionniste, Charles Darwin (qui arborait lui-même une glorieuse barbe) considérait ces « poils au menton » comme un simple « ornement » destiné à attirer l’attention des femmes. Mais est-ce vraiment le cas ?

En effet, les poils du visage sont l’une des caractéristiques les plus sexuellement dimorphes de l’homme. Il a parfois été suggéré que ces poils faciaux pouvaient jouer un rôle dans la compétition masculine. Une nouvelle étude publiée dans la revue Integrative Organismal Biology partage ce point de vue. Selon ces chercheurs, la barbe humaine aurait en effet pour fonction d’amortir et d’absorber les coups des adversaires portés au visage, tout comme la crinière d’un lion protège ce prédateur des coups de griffes et de crocs de ses ennemis.

Ainsi, selon les auteurs de l’étude, l’ensemble des poils recouvrant le menton, les joues, la mâchoire et entourant les lèvres des hommes pourrait avoir évolué en réponse au besoin de gagner des batailles.

Une expérience avec de la laine de mouton

Pour tester cette théorie, les chercheurs ont développé plusieurs modèles imitant la structure osseuse d’un crâne humain. Chaque échantillon a été enveloppé de peaux de mouton (avec la laine). Il n’était en effet « pas pratique d’obtenir des échantillons de peau entièrement barbus de cadavres humains » selon les chercheurs. Si la toison de mouton n’est effectivement pas un analogue parfait pour les poils de barbe, « le volume de follicules dans [ces] échantillons de toison correspondait approximativement au volume de follicules présent dans une barbe pleine« .

Pour cette expérience, trois types d’échantillons ont été testés. Certains étaient recouverts de laine, permettant ainsi d’évaluer l’efficacité d’une barbe pleine pour amortir un impact. D’autres étaient enveloppés de laine, mais cisaillée. Cela permettait d’évaluer si les racines des follicules pileux pouvaient ou non fournir une protection contre les coups. Et enfin, certains échantillons étaient vierges. Autrement dit, ils représentaient des mâchoires sans barbe.

Les chercheurs ont ensuite effectué des tests de chute de poids, en plaçant les échantillons sur une enclume et en libérant dessus une tige émoussée. Le procédé est imagé ci-dessous :

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Crédits : A Beseris, SE Naleway et DR Carrier / Integrative Organismal Biology

Un réel effet protecteur

Les résultats de ces expériences montrent effectivement que les échantillons à « barbe pleine » résistaient mieux aux « attaques ». Ils absorbaient près de 30% plus d’énergie que les échantillons aux poils cisaillés ou rasés.

À titre d’exemple, sous un réglage de machine portant un coup qui avait endommagé tous les échantillons « sans barbe » et 95% des échantillons cisaillés, seuls 45% des échantillons « pleins » se sont fissurés ou brisés. Ils ont également mis plus de temps pour atteindre leur point de rupture après un impact.

« Les résultats de cette étude indiquent que les poils sont en effet capables de réduire de manière significative la force d’impact d’une frappe brutale et d’absorber l’énergie, réduisant ainsi l’incidence de l’échec. Si la même chose est vraie pour les poils du visage humains, alors avoir une barbe pleine peut aider à protéger les régions vulnérables du squelette du visage contre les frappes dommageables« , ont déclaré les chercheurs.

Cependant, davantage de recherches seront nécessaires pour tenter d’expliquer précisément cet effet protecteur.

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