Présent sur Mars depuis novembre 2018, l’atterrisseur InSight est dans une position délicate. Ses panneaux solaires sont en effet recouverts de poussière et l’énergie commence à manquer, tandis que l’hiver se poursuit. Les ingénieurs prévoient de limiter les mises sous tension en attendant des jours meilleurs.
Depuis son atterrissage à l’ouest d’Elysium Planitia, une étendue de lave retrouvée au niveau de l’équateur martien, Insight a détecté plus de 500 de séismes martiens. Ces données précieuses permettront aux chercheurs d’en apprendre davantage sur sa composition interne. Deux d’entre eux, plus importants que la moyenne, ont été détectés les 7 et 18 mars derniers alors que l’atterrisseur commençait doucement à fermer les yeux.
Au cours des derniers mois, InSight s’est en effet battu avec la météo locale. Contrairement aux autres sites explorés par la NASA dans le cadre des missions de Curiosity et de Perseverance, de puissantes rafales de vent n’ont pas balayé Elysium Planitia. Or, ces vents, appelés « événements de nettoyage », sont nécessaires pour souffler la poussière rouge martienne venue se déposer sur les panneaux solaires.
En conséquence, InSight a du mal à absorber la lumière du soleil. Ses panneaux solaires ne produisaient que 27% de leur capacité énergétique en février, lorsque l’hiver commençait à s’installer sur Elysium Planitia.
Faire le dos rond en attendant des jours meilleurs
La NASA a donc décidé de mettre l’atterrisseur en « mode hibernation », éteignant chaque jour différents instruments. Bientôt, Insight arrêtera toutes les fonctions qui ne sont pas nécessaires à sa survie.
En interrompant ses opérations scientifiques, l’atterrisseur devrait être en mesure d’économiser suffisamment d’énergie pour maintenir ses systèmes au chaud pendant les nuits glaciales martiennes. Sur place, les températures peuvent chuter à -60°C. Toutefois, rien n’est garanti. « La quantité d’énergie disponible au cours des prochains mois dépendra vraiment de la météo« , souligne en effet Chuck Scott, chef de projet d’InSight.
InSight est toujours en bon état, mais le risque d’une panne générale est toujours présent. Si les piles de l’atterrisseur venaient à lâcher, il se peut que le robot ne récupère jamais. InSight est un bon « vaisseau spatial zombie », programmé pour se recharger et redémarrer une fois que le soleil repointe le bout de son nez. Le problème est que dans l’intervalle, le robot devra s’exposer au froid martien qu’une grande partie de l’électronique pourrait ne pas supporter.
Les chercheurs soupçonnent que c’est ce qui est arrivé aux rovers Spirit et Opportunity. Les deux ont en effet manqué d’énergie sur la surface martienne et ont été incapables de se remettre sous tension. En espérant qu’Insight ne connaisse pas le même sort que ses prédécesseurs.
L’agence prévoit de redémarrer toutes les opérations après le retour des « beaux jours » en juillet. En cas de succès, l’atterrisseur pourra continuer sa mission jusqu’en 2022.