Fusion nucléaire : la Chine maintient un plasma pendant 17 minutes

fusion nucléaire
Les ingénieurs développent des réacteurs (appelés tokamaks) à l’intérieur desquels il convient de chauffer des isotopes de deutérium et du tritium à plus de 100 millions de degrés Celsius pour former un nuage de plasma. Crédits : ITT

Le tokamak supraconducteur expĂ©rimental avancĂ© (EAST), l’un des six rĂ©acteurs Ă  fusion nuclĂ©aire chinois, vient de maintenir un plasma chauffĂ© Ă  plus de 70 millions de degrĂ©s Celsius pendant plus de dix-sept minutes. Il s’agit d’un record.

Dans le but de remplacer les Ă©nergies fossiles, trop polluantes pour la planète, et d’accompagner les Ă©nergies « vertes », inconstantes et insuffisantes, plusieurs pays se tournent vers la fusion nuclĂ©aire. Ce processus Ă  l’oeuvre au cĹ“ur des Ă©toiles pourrait en effet permettre de libĂ©rer une quantitĂ© colossale d’énergie « propre » et de manière quasi illimitĂ©e. Seul problème : sur le plan technique, c’est incroyablement compliquĂ©.

Nouveau record en Chine

Les ingĂ©nieurs dĂ©veloppent des rĂ©acteurs (appelĂ©s tokamaks) Ă  l’intĂ©rieur desquels il convient de chauffer des isotopes de deutĂ©rium et du tritium Ă  plus de 100 millions de degrĂ©s Celsius pour former un nuage de plasma. Ce dernier doit ensuite ĂŞtre contrĂ´lĂ© avec des aimants suffisamment longtemps pour que les atomes finissent par se briser au hasard les uns contre pour fusionner sous l’effet des vibrations induites par la chaleur, ce qui permet de libĂ©rer de l’énergie.

Au cours de ces dernières annĂ©es, certains rĂ©acteurs ont rĂ©ussi Ă  faire grimper les tempĂ©ratures suffisamment pour obtenir du plasma. Le plus compliquĂ©, c’est de maintenir ces nuages Ă  très hautes tempĂ©ratures. En ce sens, des progrès sont en train d’ĂŞtre rĂ©alisĂ©s.

En juin dernier, le tokamak supraconducteur expérimental avancé (EAST) situé en chine avait en effet maintenu un plasma chauffé à 120 millions de degrés Celsius pendant 101 secondes, ainsi qu’un nuage à 160 millions de degrés Celsius pendant vingt secondes.

Plus récemment, ces mêmes ingénieurs ont testé la capacité de leur tokamak à supporter des températures extrêmes sur de plus longues périodes.

Dans le cadre d’une expĂ©rience, ils auraient ainsi rĂ©ussi Ă  maintenir une tempĂ©rature d’environ 70 millions de degrĂ©s Celsius (2,6 fois plus Ă©levĂ©e que le cĹ“ur du Soleil) pendant environ 1 056 secondes, soit 17 minutes et 36 secondes. Maintenir un plasma Ă  haute tempĂ©rature pendant plus de mille secondes est une grande première.

Tokamak fusion nucléiare
Fusion nucléaire : vue intérieure du tore du Tokamak à configuration variable (TCV). Crédits : Wikipédia

Comment ne pas brĂ»ler toute l’installation avec de telles tempĂ©ratures ?

La forme en beignet de la chambre intĂ©rieure du tokamak est recouverte des matĂ©riaux les plus rĂ©sistants Ă  la chaleur disponibles (du tungstène et du carbone, notamment). Le plasma est Ă©galement contenu en plein milieu de la chambre, aussi loin que possible des murs. Enfin, ces tempĂ©ratures incroyablement hautes sont atteintes dans une infime quantitĂ© de plasma par rapport Ă  la taille de la chambre, de sorte que l’Ă©nergie se dissipe rapidement avant d’atteindre les parois.

Il est Ă©galement important de noter que  tout comme le projet ITER en construction dans le sud de la France, EAST n’est qu’une structure expĂ©rimentale. La chaleur crĂ©Ă©e Ă  partir des rĂ©actions de fusion sera quoiqu’il arrive Ă©vacuĂ©e, et non captĂ©e pour ĂŞtre utilisĂ©e. Pour obtenir une vĂ©ritable fusion nuclĂ©aire et gĂ©nĂ©rer des quantitĂ©s utiles d’Ă©lectricitĂ©, nous devrons probablement attendre un successeur Ă  l’installation ITER comme celui prĂ©vu par EUROfusion. Rendez-vous en 2050.