Pourquoi la France fait-elle appareiller trois sous-marins nucléaires en mer ?

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Le SNLE-NG Le Téméraire, de la Marine nationale française. Source : Wikipédia

Selon Le TĂ©lĂ©gramme, la France vient de rehausser son niveau d’alerte en matière de dissuasion en appareillant trois de ses quatre sous-marins nuclĂ©aires lanceurs d’engins en mer. Ces manĹ“uvres font Ă©videmment suite Ă  la mise en alerte maximale des forces nuclĂ©aires russes, alors que la guerre en Ukraine suit son cours.

Un sous-marin nuclĂ©aire est un sous-marin Ă  propulsion nuclĂ©aire navale. L’expression, qui dĂ©signe la source d’Ă©nergie du navire, est souvent confondue avec la nature de son armement. Nous parlons ici de sous-marins nuclĂ©aires lanceur d’engins (SNLE). Ces vĂ©hicules de très grande taille sont Ă©quipĂ©s de missiles balistiques stratĂ©giques Ă  charge nuclĂ©aire pouvant ĂŞtre lancĂ©s en plongĂ©e. Ils sont Ă©galement Ă©quipĂ©s en torpilles et en missiles Ă  changement de milieu et d’armes anti-navires par souci d’autodĂ©fense.

La France, seule puissance nuclĂ©aire sur le continent europĂ©en avec la Grande-Bretagne, dispose de quatre sous-marins de ce type. Or, Le TĂ©lĂ©gramme, souvent bien informĂ© des mouvements de la Marine, nous apprend que trois de ces vĂ©hicules sont dĂ©sormais en mer. Ă€ Brest, le quotidien breton avait dĂ©jĂ  annoncĂ© le dĂ©part en patrouille d’un second SNLE le 1er mars, juste après la mise en alerte des forces nuclĂ©aires russes annoncĂ©e par Moscou au lendemain du dĂ©clenchement de la guerre en Ukraine.

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Le sous-marin nuclĂ©aire lanceur d’engins « Le TĂ©mĂ©raire » en 2016 Ă  l’Ile Longue. CrĂ©dits : Maxppp / Claude Prigent

Une portée de feu impressionnante

Avec seize missiles balistiques d’une portĂ©e de près de 10 000 km portant chacun six ogives nuclĂ©aires de 100 kilotonnes, chaque sous-marin nuclĂ©aire lanceur français peut normalement remplir Ă  lui seul sa mission principale de dissuasion. C’est pourquoi, en temps normal, il y en a toujours au moins un en mer (avec deux Ă©quipages Ă  bord). Avec deux, puis dĂ©sormais trois appareils dĂ©ployĂ©s, ce qui est inĂ©dit, la France vient donc de rehausser très sĂ©rieusement son niveau d’alerte en matière de dissuasion.

Ă€ titre de comparaison, la puissance de feu thĂ©orique combinĂ©e de ces trois sous-marins reprĂ©sente l’Ă©quivalent de près de deux mille fois la bombe d’Hiroshima.

Ces manĹ“uvres pourraient Ă©galement permettre d’Ă©viter de laisser plus d’un SNLE Ă  quai en temps de guerre. « Il faut comprendre qu’un sous-marin Ă  quai ou en grand carĂ©nage peut parfaitement ĂŞtre frappĂ© par un tir de missile ou un sabotage », souligne en effet le journaliste Jean-Marc Tangui, spĂ©cialiste des questions de dĂ©fense Ă  Air & Cosmos. « En dissĂ©minant les trois SNLE disponibles, la France multiplie par trois son ‘assurance-vie’« , poursuit-il. Ce dernier juge Ă©galement cette dĂ©cision « parfaitement rationnelle » au regard de la situation actuelle.