Guerre en Ukraine : le quotidien des travailleurs de Tchernobyl pris en otage

controle centrale nucléaire
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Si l’Ukraine résiste toujours à l’invasion russe, les troupes de Vladimir Poutine ont très tôt pris possession de certaines zones et infrastructures importantes. Parmi ces dernières, nous retrouvons la célèbre centrale nucléaire de Tchernobyl et ses deux cents ingénieurs et travailleurs.

Une prise en otage dans des conditions lamentables à Tchernobyl

Au début de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, une confrontation a eu lieu pour le contrôle de la zone d’exclusion de Tchernobyl. Cette zone comprend la ville et la centrale nucléaire du même nom. L’armée russe a pris possession de ce lieu le 24 février 2022, en seulement trois heures. Depuis, les deux cents ingénieurs et travailleurs de la centrale travaillent sous la menace des soldats du Kremlin, comme l’explique un article publié par le Wall Street Journal le 15 mars 2022.

Les travailleurs sont tout bonnement pris en otage dans des conditions déplorables. Pas de liberté, pas de relève, des temps de travail indécents, le tout sous la menace des fusils, voici ce que subit le personnel de la centrale. Les soldats russes sont en outre là pour assurer la sécurité du site. Et pourtant, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), ce dernier ne recevrait plus certaines réparations importantes.

Initialement arrivé la nuit du 23 février pour seulement quelques heures de travail, le personnel retenu contre son gré n’est habituellement responsable que de la surveillance et maintenance du sarcophage. Outre la menace des fusils et un travail non-stop, les travailleurs doivent faire face à une qualité de sommeil approximative et une nourriture exécrable. Au menu : porridge et nourriture en boîte. Par ailleurs, les soldats ont confisqué les téléphones portables et suivent les travailleurs partout.

centrale tchernobyl
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Des risques mesurés, mais bien réels

Les journalistes Joe Parkinson et Drew Hinshaw disent avoir pu parler directement à certains otages, mais également à leurs familles et proches se trouvant dans une ville bien gardée à quelques kilomètres de la centrale (Slavoutytch). Les soldats russes permettent parfois à leurs otages de passer des coups de téléphone à leurs proches. Les otages dépeignent alors des personnes complètement en proie à la fatigue et à l’épuisement alors que d’autres ont besoin de soins médicaux, le tout dans un climat propice à la mutinerie.

Il faut dire que l’Ukraine a demandé à la Russie la mise en place d’un couloir afin d’assurer la relève des travailleurs. Malheureusement, cette requête a été refusée. Pour l’AIEA et d’autres observateurs, le principal risque n’est autre que la déconnexion des piscines de refroidissement. Or, les barres d’uranium de la centrale se trouvent dans ces réservoirs.

S’il semble assez improbable qu’une catastrophe de grande ampleur survienne, les risques restent toutefois bel et bien présents. Les barres d’uranium sont certes anciennes et ne pourraient plus nuire autant que par le passé. En revanche, ne plus les refroidir risque de provoquer une dangereuse hausse des radiations sur place.