De faux oeufs de tortues pour traquer les commerçants illégaux

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Crédits : Paso Pacifico

L’appĂ©tit insatiable de l’Homme pour les produits issus de la faune sauvage menace la survie de certaines espèces. Les tortues marines, de manière gĂ©nĂ©rales, sont notamment concernĂ©es. Pour lutter contre le vol de leurs oeufs, des chercheurs ont dĂ©veloppĂ© des « leurres » pour suivre les itinĂ©raires de trafic.

En AmĂ©rique centrale, la principale cause menaçant la survie des tortues marines, outre le rĂ©chauffement climatique, est Ă©videmment le braconnage de leurs oeufs. En effet, une fois ceux-ci pondus, certains humains n’hĂ©sitent pas Ă  mettre la main dans le sable pour les recueillir avant de les vendre illĂ©galement sur le marchĂ© (gĂ©nĂ©ralement dans des restaurants). Le principal dĂ©fi, pour les agents protecteurs de ces tortues, est d’apprĂ©hender les braconniers pendant les rĂ©coltes. Ces derniers sont effectivement bien organisĂ©s, et opèrent gĂ©nĂ©ralement de nuit pour passer inaperçus.

Les InvestEggators

Aussi, il y a quelques mois, Kim Williams-Guillen, de l’organisation de conservation Paso Pacifico (Costa Rica), a eu l’idĂ©e d’intĂ©grer des « leurres » dans certains nids. Concrètement, ces faux oeufs, imprimĂ©s en 3D, sont Ă©quipĂ©s de petits GPS permettant de traquer les personnes qui les recueillent. Dans le cadre d’une Ă©tude publiĂ©e dans la revue Current Biology, Williams-Guillen et sa collègue de l’UniversitĂ© du Kent, Helen Pheasey, ont testĂ© l’efficacitĂ© de cette approche.

Pour l’occasion, ces « InvestEggators », comme ils les appellent, ont Ă©tĂ© placĂ©s dans 101 nids de tortues sur quatre plages du Costa Rica. Ce choix n’est pas anodin. Dans cette rĂ©gion, près d’un quart des nids sont en effet rĂ©gulièrement pillĂ©s.

Au cours de cette campagne, les deux chercheurs ont pu suivre l’un de ces oeufs jusqu’Ă  une propriĂ©tĂ© rĂ©sidentielle, avant de perdre le signal, tandis qu’un autre s’Ă©tait apparemment retrouvĂ© dans un bar Ă  deux kilomètres du site de nidification. La distance la plus Ă©loignĂ©e a vu un leurre se retrouver Ă  137 kilomètres du site, Ă  l’intĂ©rieur des terres.

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Des bĂ©bĂ©s tortues rejoignent l’ocĂ©an. CrĂ©dits : 272447/pixabay

Un trafic « local »

Le point important à retenir de cette étude est que plupart des oeufs ont été commercialisés dans la zone proche du site de nidification.

Ce type d’information est crucial pour la conservation de l’espèce. «Nous pouvons dĂ©sormais concentrer nos efforts sur la sensibilisation des communautĂ©s locales et orienter les forces de l’ordre vers ces diffĂ©rentes zones, explique en effet Helen Pheasey. Cela signifie Ă©galement que nous savons oĂą se trouvent les consommateurs, ce qui nous aide Ă  cibler les campagnes de rĂ©duction de la demande».

En outre, ces recherches ont dĂ©montrĂ© que le simple fait de placer un leurre dans un nid de tortue n’endommage pas les embryons en incubation Ă©galement prĂ©sents. Les chercheurs soulignent que d’autres technologies similaires pourraient aussi ĂŞtre utilisĂ©es pour suivre le commerce illĂ©gal d’autres animaux, y compris les oeufs de perroquets.