Les extrêmes de chaleur se multiplient-ils plus vite que prévu ?

Crédits : NASA Earth Observatory.

La canicule fulgurante et meurtrière qui a frappé le nord-ouest de l’Amérique du Nord à la fin du mois de juin 2021 a servi d’appui à de nombreux discours évoquant le réchauffement disproportionné des extrêmes par rapport à la moyenne ou encore la sous-estimation de leur aggravation par les modèles de climat. Or, selon de nouveaux travaux publiés dans la revue Geophysical Research Letters le 15 septembre dernier, ces propos paraissent prématurés.

Du 27 au 30 juin 2021, le thermomètre s’est envolé à des niveaux jamais atteints entre le nord-ouest états-unien et le grand Ouest canadien. De très nombreux records de chaleur ont été battus, dont celui de la température la plus élevée jamais mesurée au Canada. En effet, un exceptionnel 49,6 °C a été atteint dans le village de Lytton (Colombie-Britannique), un jour avant que celui-ci ne soit dévasté par les flammes.

Une canicule multimillénaire

La fulgurance tout comme le bilan humain et matériel de cet épisode viennent s’ajouter à une longue liste d’extrêmes de chaleur, certes pas tous aussi intenses, survenus un peu partout sur le globe au cours des dernières années et qui ont grandement nourrit un discours de surprise et d’étonnement, que ce soit chez le grand public ou les climatologues. D’aucuns ont même pu avancer que les extrêmes de chaleur s’intensifiaient plus rapidement que prévu.

Or, selon les résultats obtenus par la professeure Karen A. McKinnon, si la dimension historique de cette vague de chaleur n’est pas remise en cause, bien au contraire, on ne peut pas dire que les modèles sous-estiment la vitesse à laquelle les extrêmes de chaleur s’intensifient dans le contexte du réchauffement climatique. Et ce, aussi bien pour le nord-ouest américain que pour d’autres régions de l’hémisphère Nord avec une climatologie analogue.

vague de chaleur canicule
Température de la surface du sol le 29 juin 2021, au pic de la canicule. Crédits : NASA.

« La vague de chaleur du nord-ouest américain en 2021 semble être le résultat du changement climatique et d’une malchance extraordinaire avec la variabilité naturelle », rapporte la chercheuse. En effet, sur la cinquantaine de simulations numériques effectuées sur la période 1850-2100 dans l’hypothèse d’une poursuite du réchauffement, un tel évènement est simulé avec une période de retour estimée à dix mille ans.

Les extrêmes chauds se réchauffent-ils plus vite que la moyenne ?

Par ailleurs, et contrairement à ce que l’on a souvent entendu au moment de l’épisode qui a touché le nord-ouest de l’Amérique du Nord, les observations ne permettent pas de dire que les extrêmes chauds se réchauffent plus vite que la moyenne. Pour ces raisons, les auteurs indiquent que de tels épisodes devraient continuer à faire figure d’exception, même si les modèles anticipent bien une aggravation plus rapide des extrêmes chauds à moyen et surtout long terme.

Une bonne nouvelle relative qu’il convient toutefois de nuancer. « Si des événements avec une période de retour de dix mille ans continuent à se produire, cela suggère qu’il peut manquer quelque chose dans les modèles climatiques que nous avons utilisés » reconnaît Karen McKinnon. « Nous devons continuer à évaluer si ces événements très extrêmes nous disent quelque chose de nouveau sur la façon dont le climat change, et s’ils confirment ou infirment nos résultats ».