Et si les ciseaux génétiques CRISPR pouvaient booster nos fonctions cognitives ?

Crispr-Cas9 ciseaux génétiques
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Les ciseaux génétiques CRISPR inspirent à la fois l’espoir et la crainte tant les possibilités offertes peuvent changer le monde. Cet outil de génie génétique à fort potentiel ne peut laisser personne indifférent, et voici pourquoi.

La « récupération » des fonctions cognitives

Courtes Répétitions Palindromiques Groupées et Régulièrement Espacées, voici ce que signifie l’acronyme CRISPR. L’énorme potentiel de ces ciseaux génétiques peut laisser penser à une future grande influence – à l’échelle mondiale – sur la santé ou encore l’agriculture. S’il est compliqué de prévoir les effets des ciseaux CRISPR, une étude menée en 2018 stipulait que ceux-ci pouvaient causer des mutations de l’ADN non prévues.

Or, il s’agirait de mutations qui pourraient avoir un impact sur le cerveau, selon Alcino J. Silva de l’Université de Californie à Los Angeles (États-Unis). Il s’agit de propos présents dans une étude publiée par la revue Cell le 21 février 2019, menée en collaboration avec des chercheurs de l’Université hébraïque de Jérusalem (Israël). Selon ces recherches, la désactivation du gène CCR5 chez les personnes ayant subi un AVC ou un traumatisme crânien pourrait permettre de faciliter leur rétablissement.

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Les bébés chinois modifiés

En novembre 2018, le chercheur He Jiankui de l’Université Shenzhen (Chine) a indiqué avoir modifié l’ADN de jumelles nouveau-nées pour les rendre résistantes à certaines maladies – dont le SIDA. Parmi les gènes modifiés, nous retrouvons le fameux CCR5. Il s’agit évidemment d’une expérience controversée, notamment parce que la Chine a ici probablement déjà créé des humains génétiquement modifiés alors qu’aucune décision n’a été prise à l’échelon international à ce sujet.

Alcino J. Silva a déclaré que cette désactivation du gène CCR5 chez ces bébés chinois a sûrement affecté leur cerveau, possiblement leurs fonctions cognitives et leur capacité de mémorisation. De tels effets ont été observés lors d’expériences sur des souris à l’occasion d’études antérieures. L’intéressé a également souligné n’avoir aucune preuve d’une quelconque « amélioration » du cerveau des bébés, et qu’il était quasiment impossible de prévoir comment la modification de leurs gènes allait impacter leur cerveau au quotidien. En réalité, force est de constater que la meilleure façon d’en savoir davantage ce sujet est de regarder ces bébés grandir.

Avant sa mort, Stephen Hawking avait prévenu

Dans son dernier recueil d’essais publié en octobre 2018, le défunt Stephen Hawking s’inquiétait de la capacité humaine à « gérer » les progrès effectués dans le domaine de la génétique :

« Nous entrons maintenant dans une nouvelle phase de ce que l’on pourrait appeler une évolution auto-conçue, dans laquelle nous pourrons changer et améliorer notre ADN. Nous avons maintenant cartographié l’ADN, ce qui signifie que nous avons lu “le livre de la vie”. Nous pouvons alors commencer à effectuer des corrections.

Je suis sûr qu’au cours de ce siècle, les gens découvriront comment modifier à la fois l’intelligence et les instincts tels que l’agression. Des lois vont probablement être adoptées contre le génie génétique chez l’Homme, mais certaines personnes ne pourront résister à la tentation d’améliorer les caractéristiques humaines, telles que la taille de la mémoire, la résistance aux maladies et la durée de la vie.

Une fois que de tels surhumains apparaîtront, il y aura des problèmes politiques importants avec les humains non améliorés, qui ne seront pas en mesure de rivaliser. Vraisemblablement, ils mourront ou deviendront sans importance. Au lieu de cela, il y aura une race d’êtres autoproclamés qui s’améliorent à un rythme toujours croissant. »

Sources : MIT Technology ReviewSiècle Digital

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