Savez-vous que les grands fonds marins sont beaucoup moins explorés que le sol de la Lune ou encore celui de Mars ? En effet, l’exploration des abysses ne fait que commencer ! La Chine porte un projet d’exploration ambitieux, et désire établir une base sous-marine avancée.
Explorer les abysses
En réalité, lorsque nous évoquons les abysses pour parler du projet chinois, ce n’est pas tout à fait exact. En effet, les abysses correspondent à la zone abyssale, c’est-à-dire entre −2 000 m et −6 000 m (plancher océanique). Or, il est davantage question de la zone hadale située entre −6 000 m à plus de −11 000 m, plus précisément des profondeurs relatives aux fosses océaniques.
En novembre 2018, le quotidien hongkongais South China Morning Post relatait la visite du président chinois Xi Jinping à l’Académie des sciences de Pékin. Le chef d’État a ainsi lancé le projet Hadès – le nom du dieu grec des Enfers – une référence à la zone hadale dont l’appellation trouve également cette origine. Le fait est que la Chine désire explorer une des toutes dernières zones encore inviolées de notre planète.
Surveiller, explorer, rechercher
Dans le cadre de ce projet, il est question d’installer une base sous-marine avancée à environ 5400 m de profondeur, dans la fosse de Manille en mer de Chine méridionale. Mais quel est l’intérêt d’une telle base avancée ? En réalité, celle-ci pourrait à la fois servir de port et de laboratoire, tout en permettant la surveillance.
Il faut savoir que la fosse de Manille est l’endroit où la plaque eurasienne rencontre la plaque pacifique. Il s’agit donc d’une zone hautement volcanique et sismique. Par exemple, les tremblements de terre qui s’y produisent peuvent engendrer des tsunamis pouvant atteindre plusieurs mètres de hauteur. Il est donc intéressant de chercher à surveiller cette zone afin de lancer des alertes permettant peut-être de mieux se préparer à ce genre de catastrophe.
Les Chinois veulent également que cette base fasse office de port duquel des drones sous-marins équipés de capteurs puissent prendre leur départ. Il s’agirait alors de collecter des minéraux, de récolter de nombreuses données chimiques et pourquoi pas d’y trouver des formes de vies encore inconnues.
Une zone géopolitiquement instable
Outre les possibilités d’exploration, cette base pourrait également servir à des fins militaires. Malheureusement, la Chine pourrait voir en cette base une manière d’assurer davantage sa domination sur la mer de Chine méridionale. Dans cette zone, de nombreuses îles – telles que les îles Spratleys et îles Paracels – sont revendiquées par plusieurs pays.
Ces conflits qui se jouent davantage sur la scène politique concernent la Chine, Taïwan, le Vietnam, mais aussi les Philippines, la Malaisie et le Sultanat de Brunei. Cependant, la Chine est le pays le plus actif dans la transformation des atolls et autres petits îlots en véritables îles. Or, sur ces dernières se trouvent des bases présentées comme des lieux de recherche, bien qu’il y ait de fortes chances qu’il s’agisse également de bases militaires.
En attendant, le projet Hadès n’est pas encore prêt à être déployé. Les 140 millions d’euros de financement serviront tout d’abord à mettre au point des matériaux et une électronique capables de résister à l’incroyable pression de la zone hadale. En effet, celle-ci serait 1000 fois supérieure à celle de l’atmosphère !
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