En 2006, Mike Horn et Borge Ousland avaient réussi un périple similaire dans la région. Tout s’était à peu près déroulé comme prévu. Mais, 13 ans plus tard, les conditions ont bien changé.
Depuis le 25 septembre dernier, les deux compagnons ont entamé une traversée de l’Océan Arctique en ski au départ du Pangaea. À l’origine, le voyage devait durer trois mois. Mais la nature, devenue très instable à cause du réchauffement climatique, ne semble cette fois pas vouloir les laisser tranquille. Il y a un peu moins d’une semaine, la glace s’est en effet dérobée sous les pieds du Norvégien, témoignage d’une banquise plus fine que d’ordinaire. Depuis, la situation ne semble pas s’arranger.
Un message inquiétant
Ce week-end, en effet, n’a visiblement pas été de tout repos. Les deux compagnons sont apparus complètement épuisés et physiquement très affectés, en témoigne une photo de Borge Ousland (ci-dessous) avec une vilaine gelure sur le bout du nez.
Cette image est déjà inquiétante à elle seule. Mais c’est sa légende, depuis effacée, qui était la plus préoccupante. Mike Horn déplorait alors une situation chaotique :
« Nous avons installé notre campement avec Borge Ousland derrière une grande arête, juste à temps avant que les vents violents ne nous frappent. On a bien cru que la tente allait s’envoler avec nous à l’intérieur. Nous allons tout faire pour continuer cette expédition, en espérant avoir la météo de notre côté. Chaque jour, nous réévaluons nos chances d’avancer et de mener à terme cette mission. Avec ce climat instable et la dérive des glaces, il nous est extrêmement difficile de prévoir le nombre de kilomètres qu’il nous reste à parcourir. Au moment où je vous parle, nous sommes à bout de force, nous avons perdu beaucoup de poids. Nous nous sentons faibles et nous n’avons plus beaucoup de nourriture, nous en avons assez pour nous sortir d’ici mais ce sera très dur ».
Ce message a ensuite été remplacé par celui-ci, plus rassurant :
« Il est certain que j’ai connu des week-ends plus faciles dans ma vie d’explorateur. Après les obstacles et les difficultés sans fin de la semaine dernière, Borge Ousland et moi-même sommes reconnaissants de commencer la semaine avec un nouvel état d’esprit, peut-on lire. Aujourd’hui, malgré nos blessures (comme on peut voir sur la photo), nous nous sentons fatigués, mais inarrêtables. Nous savons que l’arrivée est proche, nous devons maintenant rassembler la force qu’il nous reste pour nous battre et y parvenir ».
« Nous ne sommes pas les bienvenus ici »
Ce que les deux compagnons expérimentent en ce moment confirme ce que de nombreux chercheurs ont observé dans la région au cours de ces dernières années. L’Arctique, en première ligne face au réchauffement climatique, ne va pas bien du tout.
À titre d’exemple, à l’endroit où Mike Horn et son compagnon se trouvent actuellement, la banquise avait une épaisseur de trois mètres au début des années 2000. Aujourd’hui, elle est en moyenne deux fois plus fine, et donc beaucoup plus instable.
Mike Horn conclut avec les mots suivants : « C’est un monde hostile ici… et les conditions instables constantes ont clairement montré que nous ne sommes pas les bienvenus ici. D’une manière étrange, je me demande si la nature nous a pris à partie à cause de la manière dont nous, les êtres humains, avons traité et respecté notre planète… une chose est sûre, il est évident que quelque chose ne va pas ».
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