Découverte d’une nouvelle espèce de primate vieille de 13 millions d’années

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Un gibbon. Crédits : strichpunkt/pixabay

Une dent de primate vieille de treize millions d’années découverte dans le nord de l’Inde appartenait au plus ancien ancêtre connu des gibbons modernes. Les détails de l’étude sont publiés dans les Actes de la Royal Society B.

En 2015, alors qu’il faisait une petite pause dans sa recherche de fossiles sur le site de Ramnaga, dans le nord de l’Inde, le paléontologue Christopher Gilbert et quelques-uns de ses amis sont tombés sur quelque chose de brillant qui semblait sortir du sol. Après l’avoir déterré, le chercheur s’est rapidement rendu compte qu’il s’agissait d’une molaire, et pas n’importe laquelle.

« Nous avons immédiatement su que c’était une dent de primate, mais elle ne ressemblait à la dent d’aucun des primates précédemment trouvés dans la région« , explique le chercheur. « D’après sa forme et sa taille, notre hypothèse initiale était qu’elle provenait peut-être d’un ancêtre des gibbons, mais cela semblait trop beau pour être vrai, étant donné que les archives fossiles de petits singes sont pratiquement inexistantes dans la région« .

Dès lors, plusieurs années d’études ont été nécessaires pour analyser la dent et positionner son espèce dans l’arbre généalogique des singes. Des comparatifs ont notamment été faits avec des molaires dents de primates vivants et éteints.

Le plus ancien ancêtre connu des gibbons

Ces travaux ont finalement révélé que la molaire, vieille de treize millions d’années, appartenait à un singe dont le genre et l’espèce étaient jusqu’alors inconnus. Ils ont également confirmé qu’il s’agissait bien d’un ancêtre du gibbon moderne. C’est d’ailleurs son plus ancien ancêtre connu. Le primate vient d’être nommé Kapi ramnagarensis.

Jusqu’à présent, les vestiges les plus anciens de cette lignée (des petites dents retrouvées en Chine) dataient en effet d’environ sept à neuf millions d’années. « Même si pour l’instant nous n’avons qu’une seule dent et que, par conséquent, nous devons être prudents, il s’agit d’une découverte unique« , souligne Alejandra Ortiz, coauteure de l’étude. « Elle repousse d’au moins cinq millions d’années le plus ancien registre fossile de gibbons« .

En outre, des études génétiques sur des primates vivants suggèrent que les ancêtres du gibbon seraient apparus il y a au moins vingt millions d’années en Afrique. Ainsi, cette nouvelle découverte comble un vide majeur dans les archives fossiles.

singe gibbon primate
La carte positionne Kapi ramnagarensis (étoile noire) par rapport aux populations modernes (en vert foncé) et historiques (en vert clair) de petits singes. Les triangles bleus représentent la répartition approximative des premiers primates fossiles retrouvés en Afrique de l’Est. Les deux triangles verts marquent l’emplacement des gibbons fossiles précédemment découverts. Crédits : Luci Betti-Nash.

Notez que cette molaire provient également de gisements qui ont précédemment livré les fossiles d’un ancêtre des orangs-outans. Autrement dit, il est possible que tous ces primates aient rejoint l’Asie du Sud depuis l’Afrique à peu près au même moment.