Découverte à Madagascar d’un étrange mammifère du Crétacé

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Crédits : Nature

L’analyse d’un squelette quasi complet découvert à Madagascar nous révèle un animal qui ne ressemble à aucun autre mammifère, vivant ou éteint.

Des paléontologues ont récemment analysé le squelette quasi complet et bien conservé d’un nouveau mammifère évoluant sur l’île de Madagascar à la fin du Crétacé, il y a 66 millions d’années. Cet animal de la taille d’un opossum, qui a donc fréquenté les dinosaures de son époque, vient d’être nommé Adalatherium hui, qui pourrait se traduire par « bête folle« , en langue malgache.

Et pour cause, si d’apparence extérieure il ressemblait probablement à un blaireau, l’analyse de son squelette a néanmoins révélé quelques points surprenants. Les détails de cette étude ont été publiés dans la revue Nature.

Un animal au physique très étrange

Les chercheurs du Denver Museum of Nature & Science et de l’Université de Stony Brook (États-Unis), à l’origine de ces analyses, ont relevé des caractéristiques inhabituelles dans la région de la cavité nasale.

Adalatherium présentait notamment un crâne rempli de trous (foramen), plus que tout mammifère connu, autorisant probablement les passages de nombreux nerfs et vaisseaux sanguins menant à un museau très sensible (couvert de moustaches). Celui-ci présentait également un très grand trou à son sommet. Une caractéristique jamais observée chez les mammifères, vivants ou éteints, assurent les chercheurs.

Les crocs d’Adalatherium avaient également une forme différente de celle de n’importe quel autre mammifère, et son épine dorsale présentait plus de vertèbres que ses contemporains. Sa position était tout aussi étrange. Si ses membres avant rappellent ceux des autres mammifères, ses membres arrière paraissent en revanche écartés et légèrement incurvés, à la manière des alligators.

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Reconstruction réaliste d’Adalatherium hui. Crédits : Denver Museum of Nature & Science / Andrey Atuchin

Évolution insulaire

Adalatherium, qui était relativement grand comparé aux autres mammifères évoluant au côté des dinosaures, appartenait à un groupe éteint appelé gondwanathériens.

Des restes de ces animaux, découverts pour la première fois en Argentine dans les années 1980, ont depuis été retrouvés en Afrique, en Inde, dans la péninsule antarctique et à Madagascar, mais ils n’étaient que partiels. L’analyse du squelette presque complet d’Adalatherium pourra ainsi permettre aux chercheurs d’en apprendre davantage sur ces anciens mammifères encore largement méconnus.

Quant aux étranges caractéristiques de l’animal, les chercheurs les attribuent à une évolution insulaire. La territoire de Madagascar s’est en effet retrouvé isolé lorsque le sous-continent indien s’est détaché il y a environ 88 millions d’années, dérivant vers le nord. La lignée menant finalement à ces animaux a donc eu tout le loisir d’évoluer indépendamment des autres mammifères présents sur les continents pendant plus de 20 millions d’années. « Suffisamment pour développer ces nombreuses caractéristiques inhabituelles », concluent les chercheurs.

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