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Comment la Covid-19 a diminué le nombre d’impacts de foudre sur Terre

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Crédits : Unwetter-Freaks/Pixabay

Le confinement général qui a marqué le début de l’année 2020 s’est accompagné d’une baisse du nombre d’impacts de foudre à l’échelle planétaire. Ce phénomène serait lié à la diminution de la pollution de l’air au niveau mondial. C’est en tout cas ce qu’avance une nouvelle étude dont les résultats ont été présentés à l’AGU Fall Meeting 2021 (Nouvelle-Orléans).

Le profond ralentissement économique et social qui a accompagné la pandémie de Covid-19 en 2020 a eu de nombreux impacts sur l’environnement, le plus notable étant probablement la baisse drastique de la pollution de l’air au niveau mondial. Cet effondrement des concentrations en particules fines et en certains gaz comme les oxydes d’azote ou l’ozone avait fait la une de nombreux médias internationaux. Or, avec le recul, les scientifiques ont identifié des effets plus inattendus.

La trace du confinement dans les données d’observation de la foudre

Dernièrement, un groupe de chercheurs a découvert qu’une diminution de l’activité électrique mondiale avait eu lieu au moment où les principaux pays du monde se confinaient. En effet, les réseaux de surveillance de la foudre ont montré qu’entre mars et mai 2020, le niveau kéraunique mondial a chuté de près de 8 %. De plus, en recoupant les données de foudroiement aux mesures satellitaires de la pollution de l’air, les chercheurs ont remarqué une nette corrélation entre les deux variables.

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Nombre d’éclairs mesurés par le World Wide Lightning Location Network entre 2018 et 2021. Les périodes de mars à mai sont repérées par un encart vert pour 2018 et 2019 et par un encart rouge pour 2020. En outre, le nombre d’éclairs comptabilisé pour chacune de ces périodes est signalé. Crédits : Yakun Liu & coll. 2021.

Du lien entre activité électrique et aérosols

Pour comprendre comment ces paramètres peuvent être liés, une petite digression s’impose. Dans les cumulonimbus, les innombrables chocs entre les particules de glace organisent la séparation des charges indispensable à l’électrisation du nuage. Cependant, pour se former, les cristaux de glace et autre grésil nécessitent la présence de petites poussières sur lesquelles la nucléation va pouvoir démarrer. Appelés aérosols glaçogènes, ils sont en partie rejetés dans l’atmosphère par les activités humaines. Avec moins de pollution, l’air est moins chargé en aérosols et le nombre de cristaux de glace formés tend donc à diminuer.

Or, avec des particules de glace moins nombreuses, le mécanismes de séparation des charges devient moins efficace. La baisse de la quantité d’aérosols dans l’air au moment du confinement aurait ainsi diminué l’aptitude des nuages d’orage à s’électriser et à générer des décharges de foudre. Enfin, notons que de précédents travaux ont montré qu’entre 2019 et 2020, l’activité de la foudre avait bondi de plus de 200 % au-dessus de la mer de Tasman suite à la circulation des poussières issues des incendies australiens. Ces observations confirment encore une fois l’importance des aérosols dans les mécanismes d’électrisation des nuages.

Damien Altendorf, expert nature et climat

Rédigé par Damien Altendorf, expert nature et climat

Habitant du Nord-est de la France, je suis avant tout un grand passionné de météorologie et de climatologie. Initialement rédacteur pour le site "Monsieur Météo", je contribue désormais à alimenter celui de "Sciencepost".