Les tempêtes qui ont récemment frappé le Royaume-Uni et le nord de la France ont été véhiculées par un vigoureux courant-jet braqué sur l’Europe de l’Ouest. Or, il se trouve que ce courant d’air situé vers dix kilomètres d’altitude s’est renforcé dans cette zone au cours de la dernière centaine d’années. C’est du moins ce que rapportent de nouveaux travaux publiés dans la revue Climate Dynamics ce 22 février.
Dans leur étude, les chercheurs se sont concentrés sur l’évolution du courant-jet de l’hémisphère nord entre 1871 et 2011. Ils ont évalué ses changements en termes de position et de vitesse en fonction des saisons, mais également selon différents domaines continentaux (Amérique du Nord et Eurasie) et océaniques (Atlantique Nord et Pacifique Nord). Il s’agit de la première étude à retracer les variations régionales et saisonnières du courant-jet sur une période aussi longue.
Courant-jet : présence de tendances climatiques au sein d’une importante variabilité naturelle
Les résultats montrent des évolutions contrastées selon la saison et la longitude considérées. Dans la région nord-atlantique, on observe une accélération du courant-jet allant jusqu’à 8 % durant l’hiver et un déplacement d’environ trois cents kilomètres vers le nord sur la période d’étude. Il s’agit d’un schéma que l’on retrouve également à l’échelle de l’Eurasie et, dans une moindre mesure, en Amérique du Nord avec une amplitude maximale durant la saison froide. Enfin, dans le Pacifique Nord, aucune tendance claire n’a été identifiée.
« Ce travail a montré qu’il est utile d’entreprendre des études de la latitude et de la vitesse des jets sur une base régionale pour compléter les analyses couvrant l’ensemble de l’hémisphère nord, car les tendances et les amplitudes régionales peuvent s’annuler et donc ne pas être visibles lorsqu’elles sont moyennées sur l’ensemble de l’hémisphère », rapporte le papier dans sa conclusion.
Outre l’existence de ces tendances potentiellement liées au changement climatique, les données rapportent la présence d’une importante variabilité multidécennale. En effet, certaines décennies sont marquées par un courant-jet plus fort et/ou plus septentrional tandis que d’autres voient ce même jet s’affaiblir et descendre plus bas en latitude. On doit cette variabilité à la mobilité intrinsèque de l’atmosphère et à des influences océaniques comme El Niño, plus ou moins fortes en fonction des décennies.
« Au-dessus du Pacifique Nord, aucune augmentation de la latitude ou de la vitesse des jets n’est observée, cependant, les changements dans les températures de surface de la mer expliquent plus de 50 % de la variabilité pour la latitude des jets », relate à ce titre Samantha Hallam, auteure principale de l’étude.