Coronavirus : une étude remet en cause la version officielle quant à l’origine de l’épidémie

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Des particules libres du virus 2019-nCoV imagées ici en coloration négative. Crédits : Zhu, and al. NEJM, janvier 2020

Une nouvelle étude montre que le nouveau coronavirus a commencé à se manifester des semaines plus tôt que ce qu’ont suggéré les autorités chinoises.

Il y a à peine un mois, la Chine annonçait l’éclosion d’un mystérieux virus dans la mégalopole de Wuhan. Les premières analyses laissent à penser que celui-ci pourrait avoir été transmis à l’Homme par une forme de vie animale (chauve-souris, serpents ?) sur un marché de la ville. Mais une récente étude publiée dans The Lancet remet en doute ces informations.

Un nouveau regard sur les premiers cas confirmés

Au cours de ces travaux, les chercheurs ont en effet examiné les dossiers cliniques des 41 premiers patients confirmés porteurs du virus 2019-nCoV.

Selon leurs conclusions, plus d’un tiers des premiers cas n’aurait même pas fréquenté le marché de fruits de mer de la ville de Wuhan. Par ailleurs, le tout premier cas recensé, qui lui non plus n’a pas fréquenté le marché, serait tombé malade le 1er décembre 2019, soit environ deux semaines avant les premières annonces officielles communiquées par les autorités chinoises.

Si effectivement cette première personne n’a pas fréquenté le marché aux fruits de mer de la ville de Wuhan, alors la question du réservoir du virus se pose aujourd’hui plus que jamais. Pour Daniel Lucey, médecin spécialiste des maladies infectieuses au Georgetown University Medical Center, il est possible que les premiers cas aient été exposés au virus sur un marché différent.

Par ailleurs, toujours selon le journal, la première personne décédée du virus le 9 janvier dernier, originaire de Wuhan, a transmis le virus à sa femme alors qu’elle n’avait pas fréquenté le marché de la ville. On apprend également que le 10 janvier, cinq membres d’une famille originaire de la ville de Shenzhen, de passage à Wuhan, ont également été infectés sans avoir fréquenté le marché. De retour chez eux, il auraient alors transmis le virus à un autre membre de leur entourage.

On note que ces deux exemples de propagation potentielle se sont manifestés près de deux semaines avant que les autorités chinoises ne confirment les premiers cas de transmission inter-humaine, le 20 janvier.

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La Chine a-t-elle minimisé l’épidémie ? Crédits : 瓦力_WALLACE / Flickr

Au regard de ces nouvelles informations, il est donc possible que la bureaucratie chinoise, connue pour être particulièrement rigide, ait délibérément retardé la diffusion d’informations concernant la situation sur le terrain.

« Il y a beaucoup de processus internes qui doivent passer par la bureaucratie en Chine pour obtenir des déclarations officielles du gouvernement central, explique en effet Alexandra Phelan, membre du Center for Global Health Science and Security de Georgetown University. Cette rigidité signifie que les informations peuvent sortir très, très lentement ».

« Le fait que le rapport Lancet soit différent du premier compte chinois officiel soulève d’énormes inquiétudes quant à la véracité des informations provenant de Chine, souligne de son côté Steven Hoffman, directeur du Global Strategy Lab. Si la Chine retenait intentionnellement des informations, ce serait non seulement mauvais pour la santé publique mais également illégal en vertu du droit international« .

Le coronavirus a désormais un « visage »

Nous savons depuis quelques semaines, grâce au séquençage génétique opéré par les autorités chinoises, que ce virus appartient à la famille des Coronaviridae. Jusqu’à présent, si nous avions donc à disposition sa « carte d’identité », nous n’avions en revanche pas d’image précise de cette nouvelle souche. C’est désormais chose faite.

Des chercheurs ont en effet réussi à photographier le virus grâce à un microscope électronique. Ils viennent de publier leurs images dans The New England Journal of Medecine.

Sur le cliché de gauche, on aperçoit des particules libres du virus 2019-nCoV imagées ici en coloration négative. Sur le cliché de droite, les particules virales, dont le diamètre est compris entre 60 et 140 nm, sont photographiées dans les cellules de l’épithélium respiratoire des patients infectés.

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Crédits : Zhu, and al. NEJM, janvier 2020

On rappelle que pour le moment, il n’existe aucun vaccin disponible pour coronavirus 2019-nCoV. Néanmoins, la Coalition pour les innovations en préparation aux épidémies (CEPI) a d’ores et déjà établi trois partenariats pour développer de possibles traitements.

Ces partenaires sont la biotech Inovio Pharma, basée aux États-Unis, l’Université de Queensland, en Australie et la biotech américaine Moderna, qui travaille avec l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses.

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