Des milliers d’internautes partagent des brevets liés à des coronavirus déposés avant même l’expansion du 2019-nCoV, alimentant les rumeurs les plus folles. En réalité, ces documents concernent d’autres virus de la même famille.
Ce lundi le nombre de victimes du nouveau coronavirus en Chine a bondi à 81 morts (et 2 816 personnes officiellement contaminées). Un bilan qui pourrait être largement sous-estimé. En s’appuyant sur des modèles mathématiques, des chercheurs de l’Université de Hong Kong estiment en effet que plus de 44 000 personnes pourraient être actuellement touchées. La plupart d’entre-elles seraient encore en pleine période d’incubation. Autrement dit, elles ne présenteraient pas encore les symptômes, mais seraient d’ores et déjà contagieuses.
Toujours est-il que, selon toute vraisemblance, l’épidémie trouverait son origine à Wuhan, dans l’est du pays… Mais sur les réseaux sociaux, certains cherchent une explication ailleurs.
Un virus créé par l’Homme
Des rumeurs arguant que ce nouveau virus aurait été créé par l’Homme il y a plusieurs années commencent en effet à s’étendre sur le net. Plusieurs tweets, notamment, renvoient à un brevet déposé en 2015. Or, l’affirmation est fausse.
Il faut bien comprendre que la catégorie des coronavirus regroupe non pas un mais de nombreux virus pouvant affecter les mammifères et les oiseaux. D’ailleurs, la grande majorité d’entre-eux n’entraînent que des symptômes bénins.
Seuls trois de ces virus peuvent entraîner des épidémies chez l’Homme : le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère), qui a fait 774 morts dans le monde en 2002/2003; le Mers (Syndrome respiratoire du Moyen-Orient), qui a tué 458 personnes entre 2012 et 2015; et enfin le 2019-nCoV (le nouveau virus chinois), qui a fait pour le moment 81 victimes.
Ceci étant dit, le fameux brevet qui fait l’objet de récentes rumeurs, déposé pas l’institut Pirbright en 2015, concerne en réalité un autre virus : celui de la bronchite infectieuse aviaire, qui affecte les volailles.
Des tweets ou posts Facebook renvoient également à d’autres brevets. Mais là encore, il s’agit de virus différents. Le Monde, par exemple, relate une rumeur arguant que l’actuel coronavirus serait une création dûment brevetée en 2003 par les autorité américaines. En l’occurence ici, ledit brevet concerne le SARS-CoV, qui a sévi entre 2002 et 2003.
Pourquoi « breveter un virus » ?
Il faut savoir qu’il n’est pas inhabituel de breveter des virus. En l’occurence, il s’agit plus précisément de « formes altérées » des virus concernés. Le but, pour les laboratoires, est alors de pouvoir travailler avec ces agents pathogènes dans le but d’obtenir un vaccin ou un antibiotique.
Ce brevet de 2015 déposé l’institut Pirbright vise donc non pas à protéger une « invention », mais à faire valoir le fait que l’établissement est le premier à avoir réussi à isoler ce virus en laboratoire, une étape fondamentale dans la quête de possibles traitements.
On rappelle que pour le moment, il n’existe aucun vaccin pour l’épidémie actuelle de coronavirus 2019-nCoV. Néanmoins des chercheurs s’activent depuis plusieurs jours. La Coalition pour les innovations en préparation aux épidémies (CEPI), a en effet d’ores et déjà établi trois partenariats pour développer des traitements qui puissent démarrer les essais cliniques le plus tôt possible.
Ces partenaires sont la biotech Inovio Pharma, basée aux États-Unis, l’Université de Queensland, en Australie et la biotech américaine Moderna, qui travaille avec l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses.
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