Pourrait-on se passer du nucléaire pour vivre sur Mars ?

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Illustration d'artiste d'une base martienne avec équipage. Crédits : Pat Rawlings/NASA

Une Ă©quipe de chercheurs s’est rĂ©cemment penchĂ©e sur le meilleur moyen de produire de l’Ă©lectricitĂ© sur Mars dans le but de soutenir une prĂ©sence humaine durable. Selon leurs analyses, l’Ă©nergie solaire aurait plus de sens près de l’Ă©quateur martien. L’Ă©nergie nuclĂ©aire serait quant Ă  elle une option sans doute intelligente au niveau des pĂ´les.

De plus en plus d’acteurs de l’aĂ©rospatial ambitionnent de s’Ă©tablir un jour sur la planète Mars. Citons notamment la NASA, SpaceX ou encore la Chine. Ă€ terme, ces futurs explorateurs auront ainsi besoin d’Ă©lectricitĂ© pour soutenir leurs missions au sol. Cette Ă©nergie sera nĂ©cessaire pour gĂ©nĂ©rer de la chaleur, de l’oxygène et de l’eau potable. Elle sera Ă©galement essentielle pour alimenter des activitĂ©s plus avancĂ©es permettant la pousse des cultures ou l’impression de pièces utiles en 3D. La question est donc de savoir quelle serait la meilleure façon d’alimenter une telle mission.

Pendant longtemps, la cohĂ©rence du nuclĂ©aire et la prĂ©caritĂ© du solaire ont conduit certains experts Ă  suggĂ©rer que le nuclĂ©aire pourrait ĂŞtre le choix le plus intelligent. En effet, de nombreux facteurs doivent ĂŞtre pris en compte lorsqu’il s’agit de produire de l’Ă©nergie solaire sur la planète rouge. L’Ă©nergie solaire doit par exemple ĂŞtre stockĂ©e pour ĂŞtre utilisĂ©e la nuit, ce qui pose des difficultĂ©s supplĂ©mentaires. Sur Mars, la puissance des panneaux solaires peut Ă©galement ĂŞtre rĂ©duite par la poussière. De plus, un dispositif Ă  fission nuclĂ©aire est indĂ©pendant de l’emplacement (et peut donc ĂŞtre placĂ© n’importe oĂą).

Dans le cadre de nouveaux travaux, des chercheurs de l’UniversitĂ© de Californie ont ainsi  comparĂ© diffĂ©rentes manières de gĂ©nĂ©rer de l’Ă©nergie sur la planète rouge en comparant les exigences d’un système Ă  propulsion nuclĂ©aire par rapport Ă  diffĂ©rents dispositifs photoĂ©lectrochimiques et photovoltaĂŻques disponibles sur le marchĂ©.

Tout est une question de géographie

Les scientifiques ont pris en compte plusieurs facteurs, dont la quantitĂ© d’Ă©quipements devant ĂŞtre expĂ©diĂ© de la Terre Ă  Mars pour une mission longue durĂ©e impliquant six personnes. Concernant le solaire, les chercheurs ont naturellement considĂ©rĂ© les variations d’intensitĂ© solaire, cartographiĂ© les tempĂ©ratures de surface et analysĂ© la façon dont les gaz et les particules absorbent, et diffusent la lumière sur place. Tous ces facteurs auront en effet une influence sur la capacitĂ© des cellules solaires Ă  produire de l’Ă©nergie.

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Vue d’artiste d’un astronaute sur Mars. CrĂ©dits : dottedhippo

D’après leurs analyses, il s’avère que le solaire est comparable, voire meilleur que le nuclĂ©aire sur plus de la moitiĂ© de la surface martienne. Ce serait notamment le cas au niveau de l’Ă©quateur oĂą la plupart des acteurs ambitionnent de s’Ă©tablir. Cela est dĂ» en grande partie aux rĂ©centes amĂ©liorations de l’industrie, notamment concernant l’efficacitĂ© et la flexibilitĂ© des systèmes photovoltaĂŻques. Toutefois, cela n’est vrai que si l’Ă©nergie diurne est utilisĂ©e pour produire de l’hydrogène gazeux pour alimenter les cellules qui seraient ensuite utilisĂ©es pour Ă©clairer la colonie martienne la nuit ou lors de tempĂŞtes de sable.

« La production d’Ă©nergie photovoltaĂŻque couplĂ©e Ă  certaines configurations de stockage d’Ă©nergie dans l’hydrogène molĂ©culaire surpasse les rĂ©acteurs Ă  fusion nuclĂ©aire sur 50% de la surface de la planète« , confirme en effet Aaron Berliner, principal auteur de ces travaux. « Cela contraste assez fortement avec ce qui a Ă©tĂ© proposĂ© Ă  maintes reprises dans la littĂ©rature« .

Les résultats, publiés dans Frontiers in Astronomy and Space Sciences, suggèrent que le nucléaire reste également une option viable, notamment au niveau près des pôles où cette technologie y serait plus efficace que le solaire.