Chang’e 6 : la Chine va rapporter des échantillons de la face cachée de la Lune

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Vue d'artiste de la mission chinoise Chang'e 5, qui s'est terminée en 2020. Crédit : CNSA

Il y a deux ans, la mission chinoise Chang’e 5 était entrée dans l’histoire en rapportant les premiers échantillons lunaires sur Terre depuis la fin de l’ère Apollo. La Chine prépare désormais une mission similaire, Chang’e 6, à la différence près qu’elle doit opérer sur la face cachée de la Lune, un exploit jamais tenté auparavant. Un instrument français sera également à bord.

Il y a un peu plus de deux ans, la Chine se posait sur la Lune dans le cadre de sa mission Chang’e 5 dans le but de rapporter près de deux kilogrammes de roche sur Terre. Sur place, l’analyse des spectres de réflectance de la zone avait permis d’effectuer la toute première détection d’eau lunaire in situ. Plus récemment, l’analyse des échantillons rapportés avait également permis la découverte d’un nouveau minéral.

Désormais, il est temps de laisser la place à Chang’e 6. La mission sera lancée depuis le port spatial chinois de Wenchang en 2025 à bord d’une fusée Longue Marche 5. Contrairement à son prédécesseur, cet atterrisseur tentera de se poser dans la région du pôle sud, mais du côté de la face cachée de la Lune. Il y a trois ans, l’Administration nationale de l’espace de Chine (CNSA) avait également lancé un appel aux contributions internationales. Sur une vingtaine de propositions, l’agence en a sélectionné quatre.

Contribution française et internationale

L’agence spatiale française (CNES) doit intégrer son instrument DORN (Detection of Outgassing Radon). Ce dernier sera essentiellement conçu pour mesurer les concentrations de radon (un gaz noble radioactif) sur la Lune. Ces analyses confirmeront (ou non) que la Lune est bel et bien un ancien morceau de la Terre.

Chang’e 6 emportera également un rétroréflecteur laser, un dispositif réfléchissant la lumière concentrée. Développé par l’Institut national italien de physique nucléaire-Frascati National Labs, l’instrument sera utilisé pour mesurer la distance Terre-Lune.

L’instrument Negative Ions at the Lunar Surface, proposé par l’Institut suédois de physique spatiale, analysera de son côté les vents solaires qui se reflètent sur la surface lunaire. Enfin, le Pakistan développe un cubesat (mini-satellite) nommé ICUBE-Q. Il sera chargé de détecter des traces de glace d’eau sur la surface lunaire.

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L’atterrisseur chinois Chang’e 5 a déployé un petit drapeau en tissu le 3 décembre 2020. Crédits : CNSA/CLEP

La Chine déjà rodée à l’exercice

Se poser sur place ne sera pas une première pour la Chine. Le 3 janvier 2019, le pays s’était en effet déjà illustré en posant un premier atterrisseur et son rover en douceur sur la face cachée de la Lune dans le cadre de sa mission Chang’ e-4. Les deux machines évoluent d’ailleurs toujours à l’intérieur du cratère Von Karman, dans le bassin du pôle Sud-Aitken, qui est le plus grand cratère d’impact du Système solaire.

L’atterrisseur Chang’e 6 collectera ses échantillons et les placera dans un véhicule d’ascension pour les propulser en orbite. Un orbiteur lancé entre-temps se chargera de réceptionner le colis, puis la capsule d’échantillons sera dirigée vers la Terre.

L’agence spatiale chinoise prépare également ses missions Chang’e 7 et 8. La première impliquera cinq engins spatiaux : un orbiteur, un satellite relais, un atterrisseur, un rover et un petit drone capable de rechercher des traces de glace d’eau dans les cratères environnants. La seconde testera ensuite plusieurs technologies, telles que l’utilisation des ressources in situ (extraction et transformation de glace d’eau) et l’impression 3D. Toutes deux se poseront également au niveau du pôle sud lunaire.