La Chine réalise la toute première détection d’eau sur la Lune in situ

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Sur cette photo de la China National Space Administration (CNSA) publiée par l'agence de presse Xinhua, une image simulée de l'ascendeur du vaisseau spatial Chang'e-5 décollant de la surface lunaire au Centre de contrôle aérospatial de Beijing (BACC) à Pékin le 3 décembre, 2020. (Administration spatiale nationale chinoise / Xinhua via AP)

Il y a deux ans, la Chine a posé un atterrisseur sur la Lune dans le but de rapporter les premiers échantillons depuis l’ère Apollo. Sur place, l’analyse des spectres de réflectance de la zone environnante a également permis d’identifier la présence d’eau à hauteur de 120 parties par million en moyenne. C’est une première.

La Chine avait déjà posé plusieurs atterrisseurs et rovers sur la Lune dans le cadre de son programme d’exploration. La mission Chang’e 5 était en revanche sans doute la plus ambitieuse. Tout comme les missions Apollo il y a cinquante ans, elle visait en effet à rapporter des échantillons de sol lunaire sur notre planète.

Pour ce faire, l’atterrisseur s’est posé il y a deux ans au nord d’Oceanus Procellarum, considéré comme l’une des zones volcaniques les plus jeunes de la surface de la Lune, avant de rapporter près de deux kilogrammes de roche sur Terre quelques semaines plus tard.

Toutefois, l’atterrisseur ne s’était pas contenté de collecter des échantillons. Sur place, plusieurs instruments ont en effet également analysé la roche lunaire environnante. Dans les images spectroscopiques du régolithe lunaire, les scientifiques ont alors isolé la présence de molécules d’eau. Les résultats de leurs travaux sont publiés dans la revue Science Advances.

Une origine souterraine ?

Nous savons depuis longtemps qu’il y a de l’eau sur la Lune, notamment grâce à plusieurs missions orbitales et aux différents échantillons rapportés sur Terre, mais détecter cette matière vitale directement sur place est une première. Selon les mesures prises à l’aide du spectromètre minéralogique lunaire de Chang’e-5, cette eau peut être trouvée jusqu’à 120 parties en moyenne par million dans le nord d’Oceanus Procellarum.

Fait intéressant : les mesures d’un rocher situé non loin de l’atterrisseur ont révélé une teneur en eau plus élevée, à hauteur de 180 parties par million. Ce bloc très léger et ponctué de nombreuses cavités aurait une origine volcanique souterraine. Pour les chercheurs, cela suggère qu’il pourrait y avoir une source d’eau supplémentaire à l’intérieur de la Lune en plus de celle liée aux minéraux du régolithe lunaire (la couche supérieure de pierres et de poussière en surface).

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Source : Science Advances

Des études supplémentaires seront nécessaires, mais cette nouvelle découverte suggère que des dépôts volcaniques spécifiques pourraient être nécessaires au maintien d’une présence humaine à long terme à des latitudes lunaires plus basses où les dépôts de glace sont moins susceptibles de se former.

Rappelons que la NASA se chargera elle aussi prochainement de sonder la présence d’eau sur la Lune in situ. Le rover VIPER se posera sur le pôle sud lunaire à l’horizon 2023. Son objectif sera de cartographier et d’analyser les concentrations de glace d’eau en temps quasi réel. Un peu plus tôt, la start-up Astrobotic enverra également son premier rover sur la Lune dans le but de rechercher des traces d’eau au niveau du pôle sud pour le compte de la NASA.