Au large de la Californie, le plastique est au menu des baleines

baleines plastique
Crédits : Chase Dekker Wild-Life Images

Comme le révèle une étude signée de l’Université de Stanford, les baleines, qui sont connues pour être les plus grands animaux de la Terre, ingèrent des quantités colossales de minuscules particules de plastique. Publiés dans Nature Communications, les travaux se concentrent sur trois espèces se nourrissant au large de la Californie.

L’étude a porté sur trois espèces de baleines à fanons qui filtrent leur nourriture en ingérant d’énormes quantités d’eau :  les baleines bleues, les baleines à bosse et les rorquals communs. Les premières se nourrissent exclusivement de krill, les secondes principalement soit de poissons, soit de krill, tandis que les rorquals communs consomment à la fois du krill et du poisson.

Dans le cadre d’une étude, des chercheurs de l’Université de Stanford ont tenté d’évaluer la quantité de plastique ingérée par ces énormes créatures dans le cadre de leur alimentation. Pour ce faire, ils ont examiné de près les données recueillies auprès d’environ deux cents animaux équipés de dispositifs de suivi, tous évoluant au large des côtes californiennes.

Des quantités colossales de plastique

Les données ont d’abord montré que les baleines avaient tendance à se nourrir à environ 50 à 250 m sous la surface de l’eau. Or, c’est à ces profondeurs que se concentrent les plus grandes quantités de microplastiques en pleine mer.

En combinant les mesures de concentrations avec des journaux détaillés de l’endroit où ces baleines ont cherché de la nourriture entre 2010 et 2019, les chercheurs ont estimé que les baleines bleues (les plus grandes créatures que la Terre ait jamais portée) ingéreraient pas moins de dix millions de microplastiques par jour. Les baleines à bosse, qui se nourrissent principalement de poissons comme le hareng et les anchois, en ingèrent environ 200 000 morceaux, tandis que celles qui mangent principalement du krill en ingurgitent au moins un million. Enfin, les rorquals communs, qui se nourrissent à la fois de krill et de poisson, consomment environ trois à dix millions de morceaux de microplastique par jour.

Rappelons que l’étude se concentre uniquement sur la région californienne. Cependant, ses auteurs estiment que ce taux de consommation est probablement encore plus élevé dans d’autres régions plus polluées, comme la mer Méditerranée.

baleines à bosse
Une baleine à bosse et son petit. Crédits : iStock

Autant d’efforts pour moins de bénéfices ?

Fait intéressant, l’étude révèle également que ces microplastiques ingérés provenaient des proies consommées, et non des énormes volumes d’eau de mer avalés pour capturer les essaims de krill et de poissons. De fait, les auteurs s’interrogent sur la qualité nutritionnelle de ces repas. Le fait de se nourrir de microplastiques pourrait en effet amener ces proies à se sentir rassasiées plus rapidement. Cela limiterait ainsi la quantité de nourriture consommée par les baleines in fine.

« Nous avons besoin de plus de recherches pour comprendre si le krill qui consomme des microplastiques devient moins riche en huile et si les poissons peuvent être moins charnus« , détaille Shirel Kahane-Rapport, co-auteure de ces travaux. « Si tel est le cas, alors cela signifierait que chaque baleine pourrait dépenser autant d’énergie pour se nourrir, mais récolter moins de calories en retour. »

Ces nouveaux résultats représentent également une première étape importante vers la compréhension des effets chimiques et physiologiques potentiels de ces microplastiques sur les baleines. Des travaux futurs devront également se concentrer sur la manière dont ces particules affectent la valeur nutritionnelle des principales espèces de proies.