Certaines araignées ont développé une stratégie de défense unique : l’imitation des fourmis. Dans un article publié récemment, le paléobiologiste George Poinar Jr. présente la première trace fossile de l’un de ces spécimens et jette ainsi un éclairage fascinant sur cette adaptation évolutive.
Comment se transformer en fourmi quand vous êtes une araignée
Dotées d’une morsure forte et d’un venin potentiellement dangereux, les fourmis sont des créatures redoutables pour de nombreux prédateurs. De plus, elles peuvent faire appel à des compagnons de nidification pour se défendre, ce qui en fait des proies peu attrayantes pour beaucoup d’animaux. Conscientes de cette aversion pour les fourmis, certaines araignées ont évolué pour imiter ces insectes, adoptant ainsi un camouflage efficace contre les prédateurs.
Ce mimétisme n’est pas simple, car les araignées doivent contourner des différences anatomiques importantes. Par exemple, les araignées ont huit pattes et pas d’antennes, tandis que les fourmis ont six pattes et des antennes distinctes. Pour les imiter, les araignées ajustent souvent la position de leurs pattes avant pour ressembler à des antennes, mais cela ne suffit pas toujours. En plus des pattes, d’autres caractéristiques physiques doivent être modifiées. Par exemple, l’abdomen et le céphalothorax des araignées sont fusionnés, tandis que chez les fourmis, ces parties du corps sont séparées par un segment étroit appelé pétiole.
Cependant, le mimétisme ne se limite pas à des ajustements anatomiques. Les araignées peuvent en effet également faire preuve de raisonnement et d’intelligence dans leur mimétisme, en s’adaptant aux spécificités des fourmis dans leur environnement. Cette capacité peut être le résultat de mutations, d’adaptations et de la sélection naturelle, mais aussi d’un apprentissage actif de la part des araignées.
Nous savons que plusieurs familles d’araignées, notamment les Salticidae, les Corinnidae, les Thomisidae et les Zodariidae, ont développé la capacité de mimétisme. Ces adaptations permettent aux araignées mimétiques de se fondre dans leur environnement et d’éviter la prédation, démontrant ainsi la diversité et la complexité des stratégies de défense dans le règne animal.
Un spécimen vieux de plusieurs millions d’années
Le spécimen récemment découvert, nommé Myrmarachne colombiana, a été retrouvé préservé dans une pierre appelée copal. Il s’agit d’une résine fossilisée moins mature que l’ambre avec un âge souvent estimé entre quelques milliers à quelques millions d’années.
George Poinar Jr, le chercheur qui a rédigé l’étude à ce sujet, a pu déterminer que l’araignée fossilisée imitait une fourmi en examinant attentivement les caractéristiques anatomiques de l’organisme. Il a notamment comparé la structure corporelle de l’araignée fossilisée avec celle des fourmis et des araignées modernes en se focalisant notamment sur certains détails tels que le nombre de pattes, la présence ou l’absence d’antennes ou encore sur la morphologie de l’abdomen et du céphalothorax. Bien que l’âge exact de cette résine en particulier n’ait pas pu être déterminé, cette découverte fournit un aperçu rare de l’évolution du mimétisme chez les araignées.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Historical Biology.