Une équipe de chercheurs annonce avoir identifié des fourmis piégées dans du plastique pour la première fois. Cette observation, réalisée il y a quelques mois sur l’île espagnole de La Palma, révèle un nouvel aspect du problème mondial de cette forme de pollution.
Deux spécimens emmêlés
Armand Rausell-Moreno, du Musée national des sciences naturelles de Madrid, a remarqué pour la première fois des fourmis piégées dans du plastique en 2022 alors qu’il effectuait des travaux de terrain sur l’île espagnole de La Palma. Il s’est ensuite associé à des chercheurs de l’Université européenne de Madrid, qui s’intéressent de près à l’impact des plastiques sur la nature, pour enquêter davantage sur ce phénomène.
Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont collecté 113 fourmis provenant de quarante sites différents de l’île de La Palma. Ils ont découvert que trois d’entre elles étaient prises au piège dans des fibres, dont deux étaient en plastique.
Les tests en laboratoire ont confirmé que la première était une fibre rouge de 6 mm qui était emmêlée dans le gastre (partie postérieure de l’abdomen) et la deuxième paire de pattes d’un spécimen. La seconde, une fibre noire de 2 mm, était quant à elle emmêlée entre l’occiput (partie postérieure de la tête) et le pronotum (partie antérieure du thorax). La troisième était probablement une fibre de coton.
Les espèces touchées étaient la fourmi Lasius grandis, une espèce originaire de la région méditerranéenne d’Europe et d’Afrique du Nord, et une espèce du genre Monomorium.
Des conséquences encore incertaines
À notre connaissance, il s’agit de la première preuve attestant que la pollution plastique affecte les insectes terrestres. Les chercheurs soupçonnent que ce phénomène se produise depuis un certain temps, mais qu’il était passé inaperçu jusqu’à présent.
Les conséquences de cet enchevêtrement plastique sur les fourmis ne sont pas encore claires et l’ampleur du problème demeure incertaine puisque cette étude ne portait que sur un échantillon relativement petit provenant d’une seule île. Malgré tout, nous savons que de nombreuses autres espèces sont également touchées par la pollution plastique dans la même région.
En effet, les tortues et les oiseaux de mer sont fréquemment retrouvés morts sur cette île, leur estomac rempli de plastique. Les filets synthétiques et la pêche constituent également une menace constante pour les mammifères marins.
La découverte des fourmis prises au piège dans du plastique rappelle ainsi que ce problème touche également les plus petits écosystèmes terrestres. Il sera donc nécessaire de poursuivre les recherches pour en comprendre les implications.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Ecological Entomology.