Nos ancêtres ont peut-être fait bouillir leur nourriture dans des sources chaudes

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Crédits : Tom Björklund

D’après une étude, nos ancêtres ont peut-être cuisiné leur nourriture dans des sources chaudes bien avant de découvrir le feu.

En 2016, des archéologues du MIT et de l’Université d’Alcalá (Espagne) collectaient des sédiments exposés, déposés il y a environ 1,7 million d’années dans la gorge d’Olduvai, une vallée du rift au nord de la Tanzanie. À quelques centimètres de profondeur, une couche d’argile très sombre déposée il y a 1,8 million d’années s’était finalement révélée.

Cette différence visible dans les deux couches de sédiments indiquait un changement soudain de l’environnement opéré il y a entre 1,7 et 1,8 million d’années. À cette époque, des études antérieures avaient conclu que l’Afrique de l’Est avait subi une aridification progressive. Ainara Sistiaga, qui dirigeait alors les fouilles, a ramené quelques échantillons de sédiments en laboratoire pour les analyser. Ils ont alors fait une découverte étonnante.

Un environnement jonché de sources hydrothermales

Dans ces échantillons vieux de 1,8 million d’années, Sistiaga et son équipe ont en effet isolé des lipides associés à un groupe spécifique de bactéries qui, de nos jours, évoluent à l’intérieur des sources chaudes du parc national de Yellowstone. Parmi elles figure notamment Thermocrinis ruber qui ne s’épanouit que lorsque les températures sont supérieures à 80°C.

Étant donné que ces échantillons contenaient les mêmes assemblages de lipides bactériens retrouvés à Yellowstone, les chercheurs pensent qu’il y a 1,8 million d’années, les sites analysés étaient probablement eux aussi jonchés de sources hydrothermales.

Par ailleurs, nous savons que d’anciens restes d’animaux et autres artefacts fabriqués par des humains datant de la même époque avaient précédemment été retrouvés à proximité des mêmes sites. Ces hominidés utilisaient-ils alors ces sources chaudes pour faire bouillir leur nourriture ? Les chercheurs estiment que c’est une possibilité.

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Ainara Sistiaga prélève des échantillons dans la gorge d’Olduvai, une vallée du Rift située dans le nord de la Tanzanie. Crédits : Ainara Sistiaga.

Bouillir avant de rôtir

Il est depuis longtemps admis que le fait de griller des protéines animales, grâce à la maîtrise du feu, permettait à nos ancêtres d’ingérer davantage de nutriments et d’énergie, fournissant les éléments de base nécessaires pour alimenter un gros cerveau.

Cependant, cette nouvelle étude suggère que nous n’avons pas forcément eu besoin d’exploiter le feu pour libérer ces nutriments indispensables. Des animaux abattus, des racines ou même des tubercules plongés et bouillis dans des sources chaudes auraient en effet également permis de consommer davantage de calories à une époque où le feu n’était pas encore maîtrisé.

Il est aujourd’hui impossible de dire avec certitude que nos ancêtres utilisaient des sources chaudes pour cuisiner leur nourriture. « Nous pouvons prouver que de telles sources étaient peut-être présentes, mais prouver que les humains interagissaient avec elles reste compliqué« , admet Ainara Sistiaga.

Néanmoins, si nos ancêtres étaient assez intelligents pour fabriquer leurs propres outils, alors peut-être ont-ils également profité de ces casseroles d’eau bouillante géantes. « J’espère que nous pourrons trouver d’autres preuves soutenant au moins la présence de ces sources sur d’autres sites importants pour l’évolution humaine« , conclut la chercheuse.