Vidéo : Quand les babouins prononcent des sons comparables aux cinq voyelles humaines

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Une équipe de chercheurs a fait une étonnante découverte : la capacité des babouins à produire des sons comparables aux voyelles utilisées par les humains. Elle remet en cause l’histoire évolutive de la parole humaine qui est probablement plus ancienne que l’on pensait jusque-là.

Alors que l’origine et l’évolution du langage humain sont des mystères qui ne sont pas encore résolus, de nouveaux éléments vont devoir être pris en compte. En effet, dans la revue PLOS One, une équipe de chercheurs français explique que les babouins sont capables de produire au moins cinq vocalisations ayant les propriétés des voyelles malgré un larynx élevé. Ils sont capables de les combiner lorsqu’ils communiquent avec leurs partenaires.

Une conclusion tirée après avoir analysé 1 400 vocalisations de 15 babouins de Guinée qui vivent au centre des primates du CNRS à Rousset-sur-Arc en France. Le groupe comprenait des mâles, des femelles et leurs descendants et leurs vocalises ont été enregistrées alors qu’ils cherchaient à communiquer entre eux. Leur capacité à produire des sons comparables aux cinq voyelles (c’est-à-dire les i, æ, a, o, u) a alors pu être mise en évidence. « C’est la première fois qu’on montre cela chez un primate non humain », explique Joël Fagot chercheur au laboratoire de psychologie cognitive AMU et coauteur de l’étude.

Pour expliquer le langage humain, l’une des théories dominantes associe la possibilité de produire des sons différenciés, base de la communication parlée, à « la descente du larynx » observée au cours de l’évolution de l’Homo sapiens. Celle-ci se voit alors remise en cause puisqu’elle suggère « que la parole humaine nécessite un larynx en position basse (par rapport aux vertèbres cervicales) et qu’un larynx en position haute, comme c’est le cas pour les babouins (Papio papio), empêche la production d’un système de vocalisations analogue à celui des voyelles existant dans toutes les langues », explique le CNRS dans un communiqué.

« Pendant trente ou quarante ans, on a pensé que ces babouins étaient incapables de prononcer les sons de la parole », déclare Joël Fagot. Si découvrir que le babouin est capable de produire ces sons proches des voyelles, appelés « vowel-like », alors pourquoi pas les ancêtres de l’Homo Sapiens ? « Cela laisse entendre que la parole humaine a une très longue histoire évolutive. Contrairement à ce qu’on pensait, ce n’est pas quelque chose qui a émergé avec l’homme moderne actuel, c’est certainement plus ancien », ajoute le chercheur.

Bien que les singes ne produisent pas de sons de parole, les données suggèrent des liens évolutifs entre les vocalisations des babouins et les systèmes phonologiques humains. Plus généralement, les langues parlées auraient pu évoluer à partir d’anciennes compétences articulatoires déjà présentes chez notre dernier ancêtre commun Cercopithecoidae, il y a environ 25 millions d’années.

Quelques exemples de vocalisations ayant mené à ces conclusions :

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