Un nouveau traitement a éliminé toutes les tumeurs chez une femme atteinte d’un cancer du sein à qui il ne restait que quelques mois à vivre

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Une nouvelle approche de l’immunothérapie développée par des chercheurs américains du National Cancer Institute (NCI) a conduit à la régression complète du cancer du sein chez une patiente qui ne répondait pas à tous les autres traitements, et à qui il ne restait que quelques mois à vivre.

Le Congrès mondial de cancérologie, tenu depuis quelques jours à Chicago, réaffirme les promesses d’une immunothérapie innovante, misant ainsi sur nos propres défenses immunitaires pour combattre les tumeurs. « Nous avons développé une méthode pour identifier les mutations présentes dans un cancer qui sont reconnues par le système immunitaire », explique le docteur Rosenberg, de l’Institut national du cancer. « Cette recherche est pour le moment expérimentale, mais parce que cette nouvelle approche dépend de mutations, et non du type de cancer, ce modèle pourrait être utilisé pour le traitement de nombreux types de cancer ».

Cette nouvelle approche d’immunothérapie est une forme modifiée du transfert cellulaire adoptif (ACT). Si la méthode s’est montrée efficace dans le traitement du mélanome – qui a des niveaux élevés de mutations somatiques ou acquises – il a en revanche été moins efficace avec certains cancers épithéliaux communs qui commencent sur la paroi des organes, et qui ont des niveaux inférieurs de mutations. C’est le cas des cancers de l’estomac, de l’œsophage, de l’ovaire et du sein.

Dans un essai clinique de phase 2 en cours, les chercheurs développent ici une forme d’ACT s’appuyant sur des lymphocytes infiltrant les tumeurs (TIL), qui ciblent spécifiquement les mutations des cellules tumorales chez ces patients atteints de cancers épithéliaux courants. Les lymphocytes sélectionnés sont ensuite cultivés en grand nombre en laboratoire et sont ensuite réinjectés dans le patient, qui a entre-temps subi un traitement pour épuiser les lymphocytes restants. Cela a pour but pour créer une réponse immunitaire plus forte contre la tumeur.

Une patiente atteinte d’un cancer du sein métastatique, chez qui plusieurs chimiothérapies et traitements hormonaux n’avaient rien donné, s’est notamment présentée à cet essai clinique. Pour la traiter, les chercheurs ont séquencé l’ADN et l’ARN de l’une de ses tumeurs, ainsi que le tissu normal pour voir quelles mutations étaient uniques à son cancer. Ils ont ainsi identifié 62 mutations différentes dans ses cellules tumorales. Les médecins ont ensuite testé différents lymphocytes de la patiente pour trouver ceux qui reconnaissaient une ou plusieurs de ces protéines mutées. Les TIL ont reconnu quatre des protéines mutantes. Ces cellules ont ensuite été multipliées par milliards en laboratoire avant d’être réinjectées chez la patiente, où elles ont attaqué les tumeurs. Après le traitement, le cancer a totalement disparu, et aucune rechute n’a été déclarée depuis 22 mois.

Les chercheurs ont observé les mêmes résultats avec deux autres patients qui présentaient d’autres cancers épithéliaux : le cancer du foie et le cancer colorectal. Le cas de cancer du sein est détaillé dans la Nature Medicine. Les autres cas ont été décrits dans des revues scientifiques en 2014 et 2016. «Ceci est un exemple de rapport de cas qui souligne, encore une fois, le pouvoir de l’immunothérapie », a déclaré Tom Misteli, de l’Institut national du cancer. L’approche reste néanmoins encore expérimentale : plusieurs autres patients n’ont effectivement pas répondu à ce même traitement.

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