Un gène résistant au antibiotiques trouvé dans l’un des endroits les plus reculés de la planète

Le Svalbarg. Crédits : Pixabay.

Une étude suggère qu’un gène résistant aux antibiotiques, découvert pour la première fois en Inde en 2008, s’est propagé à 12 000 km de distance dans l’un des endroits les plus reculés de la planète.

La résistance aux antibiotiques est décrite par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme « l’une des plus grandes menaces pour la santé mondiale et la sécurité alimentaire ». Ces bactéries évoluées pourraient en effet tuer jusqu’à 10 millions de personnes par an d’ici 2050. Soit quasiment autant que le cancer, simplement en résistant aux traitements proposés. Et il semblerait que le problème soit encore plus « global » que supposé. Des échantillons de sol prélevés dans la région de Kongsfjorden, dans le Svalbard (un archipel norvégien), confirment aujourd’hui la propagation du gène blaNDM-1. Ce dernier confère aux bactéries une résistance quasiment à toute épreuve, près du cercle arctique.

Plus précisément, les chercheurs expliquent avoir analysé l’ADN extrait de quarante carottes de sol, toutes prélevées dans la région de Kongsfjorden. Ils auraient alors découvert un total de 131 gènes présentant une résistance aux antibiotiques. Et la grande majorité ne semblait pas originaire de la région. Ces gènes détectés sont par ailleurs associés à neuf classes d’antibiotiques majeurs utilisés pour traiter de nombreuses infections. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Environmental International.

résistance antibiotiques
Pseudomonas aeruginosa, une bactérie résistante aux antibiotiques. Crédits : Wikipédia.

Propagation express

La propagation de ce gène, initialement découvert en Inde en 2008 en milieu clinique, puis en 2010 dans les eaux de surface urbaines, préoccupe les chercheurs. Celui-ci s’attaque aux antibiotiques à large spectre dits « de dernier recours » (carbapénèmes). Selon le professeur David Graham, de l’Université de Newcastle (Royaume-Uni) et à l’origine de cette étude, ce gène s’est probablement répandu dans la région via les matières fécales d’oiseaux migrateurs, et/ou peut-être via certains visiteurs humains dans la région, jusqu’alors considérée comme l’un des derniers bastions contre la résistance aux antibiotiques.

« Les régions polaires font partie des derniers écosystèmes vierges présumés sur Terre, déclare-t-il. Pourtant, moins de dix ans après la première détection du gène blaNDM-1 en Inde urbaine, nous le trouvons à des milliers de kilomètres de distance dans une zone où l’impact humain est minime. L’empiétement dans des régions telles que l’Arctique renforce la rapidité et la portée de la propagation de la résistance aux antibiotiques. Des solutions doivent donc être envisagées de manière globale plutôt que locale ».

Finalement, la solution pourrait nous venir de la « terre des druides ». Il y a quelques jours, une équipe de chercheurs annonçait en effet avoir découvert, dans un sol nord-irlandais, une toute nouvelle souche de bactéries capable de lutter efficacement contre quatre des six super-bactéries les plus résistantes aux antibiotiques du monde. Les travaux se poursuivent, mais ils sont prometteurs.

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