Pourrait-on établir une colonie sur Titan, la lune de Saturne ?

Crédits : Nasa

Selon de récentes analyses, Titan présenterait des ressources suffisamment abondantes pour envisager d’y établir une colonie autosuffisante de la taille des États-Unis. La lune de Saturne pourrait également servir de « station-service » interstellaire.

Nous écrivions il y a quelques jours qu’il serait compliqué sur Titan de faire du surf, tant les vagues sont minces à la surface des lacs d’hydrocarbures. Mais est-ce vraiment une raison suffisante pour ne pas y aller ? Bien sûr que non. Car effectivement, de nombreux lacs d’hydrocarbures sont présents sur la lune de Saturne, principalement du méthane. Une analyse publiée il y a quelques jours dans le Journal of Astrobiology and Outreach suggère d’ailleurs que Titan posséderait des ressources énergétiques suffisamment importantes pour envisager une colonisation humaine. Nous pourrions également en faire un « point relais » pour des missions plus lointaines.

Titan se trouve à environ 1,3 milliard de kilomètres. Dans les années 60, les astronautes emportaient avec eux l’énergie nécessaire pour mener à bien leur mission. Sur Titan c’est différent. Il s’agit alors de tirer profit de la lune en y puisant de l’énergie. La NASA et d’autres agences spatiales étudient cette logique depuis longtemps, car on sait que pour des missions vers Mars, l’ISRU (In Situ Resource Utilization) peut permettre de faire des économies de masse. Mais est-ce vraiment réalisable sur Titan ? Il semblerait que oui. Rappelons au passage que cette analyse ne repose que sur la possibilité ou non de puiser de l’énergie sur Titan et non sur la faisabilité d’un tel voyage, long et dangereux.

Mis à part la Lune et Mars, Titan semble en effet un choix « raisonnable » pour établir une base humaine même si la distance à franchir reste un obstacle de taille avec notre technologie actuelle. Cette nouvelle analyse montre que les premiers explorateurs robotiques pourraient utiliser l’énergie nucléaire et la désintégration radioactive en tant que source d’énergie. En revanche, la géologie de titan est à ce jour trop mystérieuse pour être sûr que l’option nucléaire fonctionnerait. L’étude note que ce que nous savons, c’est qu’il y a beaucoup de méthane, assez pour fournir des combustibles ainsi que des options hydroélectriques. Enfin, et même si Titan est près de dix fois plus éloignée du Soleil que la Terre, l’énergie solaire est également une option tant que nous pouvons construire assez de panneaux (ce qui serait possible grâce à l’impression 3D).

La luminosité atteinte sur Titan à une telle distance du Soleil pourrait se comparer à celle du crépuscule sur Terre. Malgré tout, la planétologue Amanda Hendrix et le professeur Yuk Yung du California Institute of Technology, les principaux auteurs de cette étude, pensent qu’une ferme solaire aussi grande que la surface des États-Unis pourrait supporter jusqu’à 300 millions de personnes. Quant à l’énergie éolienne, nous savons que les vents soufflent très forts dans la haute atmosphère, selon les mesures effectuées par la sonde Huygens. En revanche, nous n’avons pour le moment pas la technologie nécessaire pour tirer profit de cette source d’énergie.

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