Ces tiques africaines peuvent survivre pendant huit ans sans nourriture

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Crédits : Jonathan Cohen

Les tiques africaines de l’est habitent les régions les plus sèches de l’Afrique orientale et australe. Or, d’après une étude, les spécimens collectés il y a plusieurs décennies auraient survécu pendant 27 ans. Il s’agit d’un record de longévité pour ce type d’arachnide. Certains ont également survécu huit ans sans manger, tandis qu’une femelle a pu pondre quatre ans après la mort du dernier mâle.

Certaines espèces animales sont réputées pour être coriaces. Pensez par exemple aux tardigrades, connus pour leur incroyable capacité de résilience face aux températures et pressions extrêmes, aux radiations, à la déshydratation, à la famine et même au quasi vide de l’espace. Moins connue, la tique d’Afrique de l’Est (Argas brumpti) est également une dure à cuire.

Record de longévité

Tout commença en 1976, lorsque Julian Shepherd, de l’Université de Binghamton (New York), reçut six femelles adultes, quatre mâles adultes et trois nymphes d’A.brumpti recueillis dans des grottes près de Nairobi, au Kenya. Il décida de les surveiller dans son laboratoire, les nourrissant régulièrement et pendant plusieurs années avec du sang de souris, de lapins ou de rat prélevé jusqu’au jour où son laboratoire manqua de rongeurs. Le biologiste ignorait alors que même affamé, son groupe de tiques survivrait jusqu’au siècle suivant.

Quatre ans après la mort de la dernière tique mâle d’origine, les femelles ont en effet continué de vivre encore quatre ans. Ces femelles affamées ont finalement été nourries à nouveau et, à la grande surprise du chercheur, l’une d’entre elles a pondu plusieurs Å“ufs. Cette deuxième génération de descendants est toujours en vie à ce jour, environ 26 ans après avoir vu le jour.

La tique la plus âgée du lot d’origine est quant à elle morte après 27 ans, pendant lesquels elle a été privée de nourriture pendant huit ans.

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Source : Journal of Medical Entomology

Comment expliquer autant de résilience ?

Dans leur habitat naturel, ces tiques (qui ne sont pas porteuses de maladies) évoluent dans des grottes peu profondes, des zones rocheuses ou près de bains de poussière dans lesquels petits et grands mammifères viennent se frotter. Cet environnement très sec avec peu d’occasions de rencontrer des hôtes pourrait expliquer l’extrême longévité de ces tiques.

La capacité des femelles à pondre des Å“ufs longtemps après la disparition du dernier mâle est également très intéressante. Une hypothèse laisse entendre que ces femelles pourraient être capables de parthénogenèse, un processus au cours duquel des embryons peuvent croître et se développer sans fécondation par le sperme. Toutefois, le Dr Shepherd pense que c’est hautement improbable. Au lieu de cela, il suggère que ces femelles sont probablement capables de stocker le sperme à long terme jusqu’à ce qu’elles aient suffisamment de nourriture, moment auquel le sperme remonte le tractus reproducteur et fertilise les Å“ufs.