Vous avez probablement entendu parler des projets de SpaceX qui souhaite utiliser son nouveau véhicule Starship pour faire atterrir des humains sur la Lune et sur Mars. Nous savons aussi que la société aimerait user de sa fusée pour libérer des satellites en orbite basse ou encore pour transporter du fret et des troupes de point à point, ici sur Terre. Désormais, SpaceX propose une autre application pour son Starship. Et la NASA, intéressée, apportera son expertise.
Un véritable « couteau suisse »
Le Starship de SpaceX est conçu pour être entièrement et rapidement réutilisable. Il est composé d’un premier étage soulevé par 33 moteurs nommés Super Heavy et d’un étage supérieur lui-même connu simplement sous le nom de Starship. Une fois dans l’espace, ce véhicule pourrait déployer une charge utile allant jusqu’à 150 tonnes métriques ou être ravitaillé par un véhicule-citerne pour des expéditions plus lointaines.
Il y a quelques années, la NASA a attribué à SpaceX un contrat de 2,9 milliards de dollars pour développer une variante de cette énorme fusée chargée de déposer les prochains humains sur la surface lunaire au cours de la décennie. Depuis lors, l’agence américaine a attribué à la société un autre contrat pour construire et piloter un atterrisseur pour une seconde mission d’atterrissage. En outre, le Starship s’inscrit également dans la vision d’Elon Musk d’établir un établissement humain sur Mars.
Nous savons aussi que les prochains satellites Starlink, plus grands et plus lourds que les versions précédentes, seront libérés dans l’espace par ce même véhicule qui se transformera alors en un gigantesque distributeur PEZ. Enfin, un document publié récemment laisse entendre que l’US Air Force aimerait s’appuyer sur le Starship pour livrer du Fret sur Terre en un temps record. Si tel est le cas, les États-Unis pourraient ainsi se doter de capacités logistiques militaires qu’aucune autre force sur la planète ne pourrait égaler.

Transformer le Starship en station spatiale
Le programme Collaborations for Commercial Space Capabilities (CCSC) est un effort mis en place par la NASA dans le but de faire progresser le développement par le secteur privé de produits et services émergents qui pourraient être disponibles dans environ cinq à sept ans. L’ agence spatiale a annoncé le mois dernier une nouvelle série d’accords avec sept sociétés commerciales, dont SpaceX qui propose de transformer son vaisseau Starship en station spatiale.
Notez qu’il s’agit d’un programme distinct des accords financés que la NASA a signés en 2021 avec trois équipes dirigées par Nanoracks, Blue Origin et Northrop Grumman, chacune travaillant sur ses propres concepts pour une station spatiale commerciale. Une autre société, Axiom Space, est également sous contrat avec la NASA pour développer un module commercial à ajouter à la Station Spatiale internationale dans le but de l’utiliser à terme comme pièce maîtresse d’un complexe privé en orbite terrestre basse.

Un projet encore flou
On ignore pour le moment si SpaceX envisage de transformer l’ensemble du volume interne du Starship en un habitat sous pression. Une telle approche nécessiterait des avancées majeures dans la fabrication et l’assemblage en orbite pour convertir les réservoirs de propulseurs vides en un « foyer » pour les astronautes, chercheurs ou touristes. Il est également possible que la cabine d’équipage du véhicule, déjà volumineuse, puisse à elle seule supporter des séjours de longue durée en orbite terrestre basse avec un système de survie adapté. Sur le papier, la capacité Starship proposée en termes de taille et de coût réduit pourrait avoir un impact considérable sur le développement durable de l’économie en orbite terrestre basse.
En revanche, si SpaceX présente évidemment des atouts dans son utilisation des systèmes existants, une compétence technique démontrée et une faible dépendance vis-à-vis d’autres entreprises ou organisations, on manque encore d’informations sur les risques techniques ou sur le calendrier d’utilisation du Starship. Par ailleurs, la NASA ne fournira aucun financement pour ce nouvel effort. Elle soutiendra simplement le projet avec son expertise technique. L’agence pourrait donc bénéficier de gros avantages futurs sans pour autant « se mouiller » financièrement.
