Depuis la stratosphère, il est possible d’entendre de faibles sons provenant de la troposphère, la couche la plus basse de l’atmosphère terrestre. Cependant, tous les sons détectés n’ont visiblement pas une origine claire, comme en témoignent ces travaux présentés lors de la 184e réunion de l’Acoustical Society of America.
La stratosphère est la couche de l’atmosphère terrestre située au-dessus de la troposphère, s’étendant d’environ 10 à 50 km d’altitude. Elle se caractérise par une augmentation de la température avec l’altitude, en raison de la présence d’ozone qui absorbe les rayons ultraviolets du soleil. Cette couche est donc également importante, car elle protège la surface de la Terre des rayonnements solaires nocifs.
Cette partie de l’atmosphère est également relativement calme et stable, avec peu de turbulences et de changements météorologiques. C’est d’ailleurs pour cette raison que les principaux couloirs aériens de nos avions la traversent. Plusieurs sociétés, dont une française, se préparent également à y proposer des voyages en ballon pour les touristes intéressés.
La majorité des sons enregistrés à ces altitudes proviennent de réverbérations ultra basse fréquence de la surface de la Terre (troposphère). Cependant, tous ces sons ne sont pas encore entièrement compris. C’est pourquoi ils font encore l’objet d’étude.
De mystérieux grondements bas et récurrents
Une équipe des Sandia National Laboratories a utilisé des microbaromètres attachés à des ballons pour surveiller le paysage sonore de la stratosphère. Ces instruments, qui peuvent mesurer de petits changements de pression, ont initialement été conçus pour enregistrer les sons des éruptions volcaniques. Cependant, ils peuvent également être utilisés pour détecter des sons inférieurs à ce que l’oreille humaine peut percevoir. Entre 2016 et 2022, l’équipe aurait ainsi lâché une cinquantaine de ces dispositifs qui ont ensuite chacun dérivé plusieurs centaines de kilomètres.
Ce n’est bien sûr pas la première fois que ces ballons sont envoyés dans la stratosphère. L’une des premières expériences de ce genre, l’expérience militaire top secrète Project Mogul, conçue pour détecter les sons des essais de bombes atomiques soviétiques à la fin des années 1940, s’était notamment écrasée en 1947 à Roswell, au Nouveau-Mexique. Ce crash dissimulé avait finalement conduit à plusieurs théories du complot impliquant une visite extraterrestre.
Cela étant dit, l’analyse des résultats a révélé que les sources des sons stratosphériques enregistrés remontaient généralement à des événements naturels tels que les orages et les collisions entre les vagues océaniques. Des activités humaines ont également été captées (éoliennes, explosions, etc.). Cependant, certains sons n’auraient actuellement aucune explication connue. Dans leur étude, les chercheurs évoquent de « mystérieux signaux infrasons » qui ne se produisent que quelques fois par heure.
Pour l’équipe, ces grondements bas et récurrents pourraient être une forme de turbulence atmosphérique jusqu’alors non détectée. Il pourrait également s’agir d’échos venant d’en bas si brouillés qu’ils en seraient devenus méconnaissables. Néanmoins, ce ne sont que des hypothèses. Les chercheurs prévoient de continuer leurs analyses avec d’autres ballons dans le but de retracer ces mystérieux sons jusqu’à leur point d’origine.