Snoopy et la NASA, l’histoire d’un amour réciproque

Snoopy NASA histoire
Crédits : NASA (montage: SciencePost)

La NASA et Snoopy, c’est une histoire d’amour qui dure depuis les années 1960. Entre le fameux Silver Snoopy Award, les peluches d’astronautes ou une statue au Kennedy Space Center, leur lien ne semble pas près de se rompre avant un moment. Mais leur idylle a pourtant une terrible tragédie comme point de départ. Retour dans cet article sur la rencontre du plus célèbre beagle de la bande dessinée Peanuts avec le programme spatial américain.

Le désastre Apollo 1

27 janvier 1967, pas de tir 34 de la base de lancement de Cap Canaveral en Floride. Les astronautes Virgil Grissom, Edward White et Roger Chaffee s’installent au sommet du premier vaisseau de la mission Apollo dans le module de commande. Au programme de cette journée de tests, une séance de répétition en vue du lancement prévu un mois plus tard.

La porte de l’habitacle se ferme hermétiquement sur les trois hommes, les communications ne se font plus que par radio, les essais commencent. Rapidement, de nombreux problèmes surviennent et ponctuent la suite de l’après-midi. À 18 h 30, un court-circuit, une étincelle, puis un terrible incendie se déclare dans le module de commande. Rien ne semble arrêter les flammes qui progressent à une vitesse alarmante. Les astronautes essaient d’ouvrir la porte de l’habitacle, en vain, l’écoutille refuse de s’ouvrir. Malgré l’intervention des secours et les cris, les trois hommes meurent brûlés vifs dans le module de commande. Il faudra près d’une heure pour extraire leurs dépouilles.

Apollo 1 incident incendie
Le module de commande d’Apollo 1 après l’incendie / Crédits : NASA

Le traumatisme est énorme dans la société américaine et pour les équipes de la NASA. Le programme Apollo subit de lourdes modifications en vue de corriger les nombreuses négligences révélées par la commission d’enquête. La pression est énorme. Une directive de Washington atterrit sur le bureau d’Albert « Al » Chop, le chef du bureau chargé des relations publiques de l’agence spatiale américaine. L’homme est missionné pour trouver des idées afin d’encourager le personnel de la NASA et les collaborateurs externes à s’impliquer davantage dans la sécurité des astronautes.

Et Snoopy posa une patte sur la Lune

Chop planche sur la requête de Washington. Il s’intéresse notamment à Smokey Bear. Cet ours est encore aujourd’hui la mascotte du service des forêts des États-Unis. En quelques années, Smokey Bear parvient à sensibiliser la population américaine sur les feux de forêt. Chop s’inspire alors de cette campagne. Mais encore faut-il une mascotte qui soit à la hauteur. Il trouve l’inspiration dans une section du journal qu’il ne manque pour rien au monde : le comics strip des Peanuts.

En tant que grand fan de Snoopy, Chop compte bien se servir du personnage créé par Charles Schulz afin de sensibiliser le personnel de la NASA quant à la sécurité spatiale. Cela fait sens d’ailleurs ! Le beagle s’est en effet déjà illustré comme aviateur dans la bande dessinée. Il manque donc juste un coup de crayon pour l’envoyer sur la Lune… ainsi qu’une signature en bas d’un contrat. Et c’est là que les choses se corsent.

Chop s’envole pour New York pour discuter du projet avec l’éditeur. Son idée d’un pin’s à l’effigie de Snoopy plaît aux ayants droit. Toutefois, le personnage est déjà si populaire que l’éditeur croule sous les demandes d’utilisation provenant d’organismes aussi bien privés que publics. Il ne peuvt donc satisfaire la demande de Chop ! Toutefois, ce dernier ne se laisse pas démonter pour autant. Il décroche son téléphone et appelle directement Charles Schulz. Par chance, le dessinateur est un grand supporter de la NASA. Il accepte volontiers que l’agence utilise Snoopy gratuitement. L’éditeur donne aussi son feu vert. Chop et Schulz sont fous de joie.

Silver Snoopy Award
Un Silver Snoopy Award et son certificat / Crédits : NASA

Des récompenses qui vont dans l’espace avant d’être remises aux plus méritants

Schulz s’implique tellement dans le projet qu’il va jusqu’à s’occuper des posters promouvant la campagne de relations publiques, en plus du design du fameux pin’s. La récompense, le Silver Snoopy Award, vise à récompenser autant le personnel de la NASA que les contractants externes ayant Å“uvré pour la sécurité des astronautes et pour l’exploration spatiale. Avant d’être remis, les pin’s sont envoyés dans l’espace depuis les années 1990. Les astronautes ne peuvent pas être nominés, mais ils s’occupent de la remise de la prestigieuse récompense en personne. Plus de 13 000 personnes ont déjà reçu cet honneur. Un nombre à relativiser toutefois, car il représente moins de 1 % du total d’intervenants du programme spatial américain.

Mais l’histoire de la NASA et de Snoopy ne se cantonne pas à la récompense. Le beagle devient le symbole semi-officiel d’Apollo 10, la mission précédant le vol de Buzz Aldrin et Neil Armstrong. Le module de commande fut nommé « Charlie Brown », qui n’est autre que le nom du maître du célèbre chien. Le module lunaire fut quant à lui baptisé « Snoopy ». Au moins une partie de cet étage a fini sa course sur notre satellite naturel. Snoopy a donc réussi à aller sur la Lune avant les Russes, les Américains et le « stupide chat d’à côté ».

De plus, le bonnet noir et blanc servant à la communication entre les astronautes s’appelle le Snoopy cap. Mais ce n’est pas tout. Après avoir volé dans une navette Columbia en 1990, une autre peluche du chien de Charlie Brown servira d’indicateur d’apesanteur sur la mission Artemis 1. Son lancement, que l’on espère pour bientôt, signera le grand retour de la NASA et de Snoopy dans des missions lunaires. Un beau symbole, dont Chop et Schultz, tous deux décédés, auraient été fiers !