Une nouvelle étude réalisée par des hydrologues nord-américains a permis de dresser des cartes détaillées qui rendent compte de l’état des réserves en eaux souterraines sur l’ensemble de la planète. Les résultats soulèvent un fait alarmant : la vitesse à laquelle nous prélevons l’eau à l’intérieur de ces poches est bien trop importante au regard du temps nécessaire à leur renouvellement. Explications.
L’eau présente sous la surface de la Terre constitue une ressource extrêmement précieuse pour l’humanité. Pourtant, jusqu’à présent, nous ignorions grandement l’état des réservoirs souterrains au niveau mondial. En effet, la dernière étude à s’être penchée sur la question remonte à 1970 et n’avait alors pu apporter que des réponses fragmentaires. Récemment, des chercheurs nord-américains ont donc décidé de se consacrer à la réalisation de cartes qui permettraient de faire un état des lieux de toute l’eau contenue sous la surface de la Terre. Celles-ci viennent d’être publiées en novembre 2015 dans la revue Nature Geosciences.
Le principal constat que les scientifiques ont pu faire au travers de leur étude est que les eaux souterraines mettent relativement longtemps à se renouveler au regard de la vitesse à laquelle nous mettons à les prélever. Et pour cause, moins de 6% des nappes situées dans les deux premiers kilomètres de la croûte terrestre supérieure arrivent à se régénérer au cours d’une vie humaine. « C’est quelque chose qui n’était pas connu auparavant », explique Tom Gleeson de l’Université Victoria (Canada), relayé par le site Sciences&Avenir. « Nous savons déjà que les niveaux d’eau dans de nombreux aquifères sont en baisse. Nous utilisons nos ressources en eaux souterraines trop vite ; bien plus vite que leur taux de renouvellement », poursuit-il.
Par ailleurs, les résultats de l’étude permettent d’estimer le volume total des eaux souterraines à 23 millions de kilomètres cubes, parmi lesquels seulement 0,35 million serait âgé de moins d’un demi-siècle. Selon les cartes réalisées, les réserves les plus récentes se situeraient majoritairement dans les régions tropicales et montagneuses. Enfin, parmi l’ensemble des plus grands réservoirs souterrains existants, un bon nombre se trouverait dans le bassin de l’Amazone, en Indonésie, au Congo et en Amérique au niveau des Rocheuses et de la Cordillères des Andes.
Alors que la demande mondiale en eau ne cesse de croître et que plus de 2 milliards de personnes dépendent directement des eaux souterraines pour avoir accès à l’eau potable et cultiver la terre, cette nouvelle étude apporte des informations primordiales qui devront être prises en compte afin de gérer cette ressource naturelle dans le futur. « Maintenant que nous savons à quel point cette ressource s’épuise, nous allons être en mesure d’estimer le temps que nous avons avant de manquer d’eau. Pour ce faire, il faudra mener une nouvelle étude utilisant un modèle global », conclut Tom Gleeson.
Sources: S&A – Zmescience – Nature