Restez dans vos nuages, la rêverie peut avoir du bon

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Crédits : Free-Photo/Pixabay

Loin d’être une perte de temps, la rêverie pourrait être l’une des meilleures choses que vous puissiez faire de votre temps libre.

De nombreuses études ont tenté de quantifier le temps passé à la rêverie. Certaines, dont une de Harvard, estiment que nous passons de 30 à 50 % de notre vie éveillée à laisser notre esprit vagabonder. Cependant, aucun de ces travaux ne présente ces errances mentales sous un signe positif. Le fait est que, pendant des décennies, les psychologues ont assimilé la rêverie à un échec du contrôle cognitif, détaillant la façon dont elle freine le traitement des tâches ou nos capacités de mémoire. Mais tout le monde n’est pas d’accord.

À commencer par Jerome Singer, ancien professeur à la Pennsylvania State University et père de la recherche sur la rêverie. Selon lui, rester dans les nuages pouvait aussi avoir du bon. Sinon, pourquoi nos esprits seraient-ils si enclins à y errer ?

Contrairement aux psychologues décrivant la rêverie comme une perte de temps, le Dr Singer, lui, était plus nuancé. D’après lui, certaines errances sont effectivement contre-productives. Évoquons celles se rattachant à des fantasmes douloureux et obsessionnels, celles visant à fuir des événements ou à des sentiments de détresse, et encore celles témoignant d’une incapacité indisciplinée à se concentrer. D’un autre côté, d’autres rêveries constructives, ludiques et créatives, pourraient nous être bénéfiques.

Certaines recherches font aujourd’hui échos à ces idées proposées il y a 70 ans par Singer. Et si nous pouvions nous appuyer sur une rêverie ciblée et ludique pour améliorer notre bien-être général ?

Plus difficile qu’il n’y paraît

De nouvelles recherches indiquent en effet que la rêverie peut inspirer le bonheur… à condition de s’y engager délibérément.

Dans une étude publiée dans la revue Emotion, les chercheurs ont cherché à tester les différents niveaux de plaisir tirés de la pensée. Au cours de ces travaux, les participants livrés à eux-mêmes étaient plus susceptibles de se tourner vers des sujets inquiétants ou neutres, s’exposant finalement à des sentiments négatifs ou neutres après la séance.

En revanche, lorsqu’on leur a proposé un cadre les guidant à imaginer quelque chose de positif, comme un fantasme de super pouvoirs ou le souvenir de leur premier baiser, ces mêmes participants étaient 50 % plus susceptibles de se sentir bien après la séance.

Pourquoi ne pouvaient-ils pas d’eux-mêmes s’orienter vers une errance d’esprit positive ? Erin Westgate, professeur de psychologie à l’Université de Floride et principale auteure de l’étude, souligne que la rêverie positive est un ascenseur beaucoup plus lourd. « Lorsque vous rêvez, vous agissez en tant que scénariste, réalisateur, public et interprète dans tout un drame mental qui se déroule dans votre tête », explique-t-elle. « C’est incroyablement exigeant sur le plan cognitif ».

Ainsi, nos cerveaux ont tendance à se porter vers des errances mentales sans effort, même lorsque les résultats sont négatifs.

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Contrôler vos rêveries

Apprendre à contrôler correctement votre imagination en vaudrait donc la peine. Toutefois, comme le montre l’étude du Dr Westgate, la rêverie volontaire est particulièrement difficile sans inspiration. La flexibilité cognitive et la créativité culminent en effet dans l’enfance et diminuent avec l’âge. Cette créativité est toujours là, mais elle pourrait avoir besoin d’être encouragée.

Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont en effet présenté aux participants une liste de sujets à la fois plaisants et significatifs. De leur côté, les volontaires ont déclaré préférer réfléchir à partir de ces exemples plutôt que de réfléchir d’eux-mêmes à tel ou tel événement positif.

Dans la vie de tous les jours, nous n’avons pas forcément d’exemples sous les yeux. Aussi le Dr Westgate conseille de faire l’effort, au départ, d’imaginer des sujets gratifiants. Il pourrait s’agir d’un souvenir agréable, d’un accomplissement futur ou d’un événement que vous attendez avec impatience. Avec un peu d’entraînement, même les plus brefs apartés mentaux peuvent restaurer un sentiment de bien-être.