Cette année, les aléas climatiques ont ébranlé les réseaux électriques dans plusieurs pays aux quatre coins du monde. Or, ce phénomène dissimule à peine le manque criant de résilience de ce type d’infrastructures, dont les pannes pourraient se multiplier à l’avenir. Afin de remédier à ce problème, il sera nécessaire de débloquer d’importants fonds.
Un blackout aux Balkans durant l’été
La ville de Podgorica (Monténégro) a subi un important blackout au début de l’été. La capitale du pays a en effet été privée d’électricité durant plusieurs heures, et donc de climatisation, de connexion Internet ou encore de régulation des feux de circulation. Cette importante panne de courant avait au même moment touché d’autres pays des Balkans comme l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine ainsi que la Croatie.
Il faut savoir que les causes de ce blackout sont la canicule et la sécheresse. En raison des températures très élevées (environ 40 °C), l’utilisation massive des systèmes d’air conditionné a provoqué des surcharges au niveau du réseau électrique. En Albanie, le phénomène a été aggravé par un incendie de forêt qui a touché un interconnecteur ainsi qu’une baisse de la production hydroélectrique. Au total, l’incident a impacté pas moins de quatre millions de personnes dans ces quatre pays.
Les réseaux électriques d’autres pays sont également vulnérables
D’une manière générale, les infrastructures électriques sont susceptibles de faire l’objet d’un manque d’entretien ou d’un calibrage inefficace pour faire face au réchauffement climatique. De plus, l’augmentation des températures, les tempêtes ou encore les inondations peuvent fragiliser davantage ces systèmes. Cette année, d’autres pays ont ainsi été impactés comme l’Équateur, les États-Unis, le Koweït ou encore le Mexique.
Durant l’été 2024, l’État du Texas (États-Unis) a également subi d’importantes pannes de courant suite à l’ouragan Beryl, ce dernier particulièrement puissant en raison du réchauffement des eaux de l’Atlantique et du phénomène climatique La Niña. Environ trois millions de foyers ont été privés d’électricité pendant jusqu’à une semaine pour les moins chanceux. D’une manière générale, le réseau électrique des États-Unis fait partie des 10% les plus exposés à des cyclones tropicaux à l’échelle mondiale. De plus, les catastrophes climatiques représenteraient la première cause de pannes d’électricité dans le pays.
Par ailleurs, le cabinet français Carbone 4 expliquait dans une note de 2021 que si le vieillissement et le manque d’entretien aggravent la sensibilité des infrastructures aux aléas climatiques, ils deviennent aussi des facteurs de risque supplémentaires dans les chaînes d’impacts en lien avec la dérive climatique.
Des investissements indispensables
Selon une publication de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), limiter les dégâts à l’avenir passera obligatoirement par des investissements importants. Autrement dit, la résilience des réseaux électriques est donc désormais un enjeu majeur. L’importance est aussi économique puisque selon les estimations, chaque dollar que l’on investirait dans une infrastructure résiliente au changement climatique permettrait sur la durée d’économiser six dollars. En revanche, ces mêmes estimations soulignent l’urgence d’agir, car le coût sera doublé pour chaque décennie de retard à partir d’aujourd’hui.
En France par exemple, Enedis a déjà amorcé une modernisation de son réseau afin d’atteindre un certain niveau de résilience, aux prix d’un investissement de près d’un milliard d’euros par an d’ici à 2040. Détaillé dans un dossier, ce projet en commun avec Réseau de Transport d’Électricité (RTE) consistera notamment à redimensionner certaines infrastructures afin d’accueillir des énergies renouvelables et de répondre efficacement à la croissance de la demande en électricité.
