Qu’est ce que la « raw water » que les américains s’arrachent ?

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Des entreprises américaines ne jurent depuis quelques mois que par la «raw water» (eau brute), une eau non filtrée, non stérilisée et non traitée qui aurait des propriétés bénéfiques pour la santé.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pense que la lutte contre l’eau contaminée est un enjeu sanitaire important à l’échelle de la planète. Parallèlement, une nouvelle tendance s’installe aux États-Unis, à savoir la consommation de «raw water», une eau brute présentée comme étant positive pour la santé.

La start-up californienne Live Water est une des pionnières de cette eau non filtrée, non traitée et non stérilisée, et commercialise sa marque en ciblant des consommateurs désireux d’opérer une sorte de retour aux sources. Cette eau est puisée dans l’état de l’Oregon et est contenue non pas en bouteille mais dans des jarres en verre.

« La Terre nous offre constamment de l’eau de source, la substance la plus pure qui existe. Nous célébrons cette denrée qui a fait prospérer l’humanité depuis ses débuts. Nous croyons qu’elle est parfaite, telle qu’elle est »,
 peut-on lire sur le site de Live Water.

Les amateurs de cette eau brute estiment que celle-ci ne contient aucun additif et se trouve être riche en minéraux et en probiotiques. Ainsi, les propriétés seraient nombreuses : action positive sur le microbiote intestinal, diminution de l’anxiété mais également réduction des rides, de la fatigue, de la prise de poids et amélioration de l’aspect des ongles et des cheveux, ou encore de la santé des articulations.

Crédits : Live Water

Une enquête menée par le New York Times fait état de la folie qui s’est emparée de certains américains, n’hésitant pas à débourser 27 dollars pour une jarre d’un litre d’eau brute, et 15 dollars pour recharger cette dernière directement chez Live Water. Alors que la valeur de cette eau ne fait qu’augmenter, d’autres sociétés se sont ruées sur le marché à l’image de Zero Mass Water ou encore Tourmaline Spring.

Cependant, il se pourrait qu’il y ait un danger selon l’OMS, qui explique dans un rapport publié en juillet 2017 :

« L’eau contaminée et le manque d’assainissement entraînent la transmission de maladies comme le choléra, la diarrhée, la dysenterie, l’hépatite A, la typhoïde et la poliomyélite. »

Pour leur part, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) aux États-Unis ont publié un graphique (voir ci-dessous) montrant la corrélation entre le début du traitement de l’eau potable et la baisse des infections mortelles au cours du siècle dernier.

Crédits : Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC)

Le succès de Live Water est également dû aux pratiques commerciales de son PDG, le dénommé Christopher Sanborn (aussi dit Mukhande Singh). Ce dernier n’hésite pas surfer sur la vague des théories complotistes en affirmant que la fluorine, souvent présente dans l’eau du robinet, a pour but de contrôler la pensée des consommateurs.

Alors que différents experts crient au scandale sanitaire potentiel, chacun se fera son opinion sur la déclaration qui apparaît en bas de la page de présentation de Live Water :

« Ces affirmations n’ont pas été approuvées par la Food and Drug Administration. Nos services ne sont pas aptes à diagnostiquer, traiter ou éviter les maladies. Consultez votre médecin avant de passer à la « raw water ». »

Sources : New York TimesMashableSanté Magazine