Bien qu’ils représentent près d’un tiers de la population mondiale, les introvertis sont souvent incompris. Quels sont les caractéristiques et les comportements associés à l’introversion ? Quelles en sont les origines biologiques ?
Qu’est-ce que l’introversion ?
L’introversion est une caractéristique de la personnalité humaine qui, contrairement aux idées reçues, ne se résume pas simplement à être timide. Elle se manifeste par une préférence pour la solitude, l’introspection et la réflexion intérieure plutôt que pour les interactions sociales et l’expression extérieure de soi. De ce fait, les introvertis sont souvent considérés comme des personnes calmes, réfléchies et réservées qui peuvent avoir des difficultés à se connecter avec les autres dans des situations sociales.
Dans une soirée, une personne introvertie pourrait, par exemple, avoir du mal à engager des conversations avec des inconnus et préférer se trouver dans un coin tranquille pour observer les autres plutôt que de participer activement aux conversations.
Au travail, un introverti pourrait aussi préférer travailler seul ou en petit groupe plutôt que dans un bureau bruyant et animé. Il pourrait également avoir besoin de temps pour réfléchir avant de prendre une décision ou de donner une réponse.
Enfin, dans une relation amoureuse, une personne introvertie a souvent tendance à avoir besoin de temps pour se connecter émotionnellement avec son partenaire et peut préférer des activités plus calmes et intimes plutôt que des soirées animées à l’extérieur.
Ce ne sont ici que des exemples qui montrent que les introvertis ont des préférences naturelles différentes de celles des extravertis, qui se caractérisent quant à eux par leurs préférences pour les interactions sociales et l’expression extérieure de leur soi. Cependant, il est important de noter que les personnes ne sont pas simplement introverties ou extraverties. Elles se situent plutôt sur un spectre qui inclut des éléments de ces deux caractéristiques.
Une chimie du cerveau différente
D’un point de vue purement biologique, des recherches scientifiques ont montré qu’il existe des différences de fonctionnement du cerveau entre les introvertis et les extravertis, bien que la recherche dans ce domaine soit encore en cours. Il est important de noter que ces différences ne sont pas absolues et que la personnalité reste un trait complexe influencé par de nombreux facteurs, notamment la génétique, l’environnement ainsi que l’expérience de vie.
Des études ont cependant révélé que les introvertis avaient une plus grande activité cérébrale dans les régions liées à la réflexion et à l’attention, tandis que les extravertis avaient une plus grande activité dans les régions liées à la récompense et à la motivation.
D’autres travaux ont montré que les introvertis ont des niveaux plus élevés d’activité dans l’amygdale, la région du cerveau impliquée dans la réponse au stress et à la peur, ce qui peut rendre les introvertis plus sensibles aux stimuli négatifs et plus réactifs émotionnellement. À l’inverse, les extravertis auraient tendance à avoir des niveaux plus élevés d’activité dans le cortex préfrontal ventromédian, une région du cerveau impliquée dans la régulation émotionnelle et la prise de décision.
Ces différences de fonctionnement cérébral peuvent également être liées à des disparités dans les niveaux d’hormones. Par exemple, les introvertis peuvent avoir des niveaux plus élevés de cortisol, une hormone du stress. Ils se caractérisent également par un seuil de sensibilité à la dopamine inférieur à celui des extravertis. Pour rappel, la dopamine est un produit chimique associé à la récompense. Concrètement, plus votre seuil de dopamine est bas, plus vous êtes facilement stimulé. Dans un environnement social très stimulant, pendant que l’extraverti sera de plus en plus animé, l’introverti commencera de son côté à se renfermer, car son seuil de sensibilité aura été dépassé depuis longtemps.
La « gueule de bois de l’introverti »
Il ressort également des études que la voie empruntée par le cerveau des introvertis est différente de celle empruntée par le cerveau des extravertis dans des contextes sociaux. Si le chemin est très court pour ces derniers, il est en revanche beaucoup plus long pour les introvertis. Autrement dit, un stimulus traversera pour eux plusieurs parties du cerveau, notamment le cortex insulaire frontal droit, la partie du cerveau qui remarque les erreurs. C’est pourquoi les introvertis remarquent toutes sortes de détails, ce qui les rend également conscients des erreurs qu’ils commettent.
Parce que leur système nerveux devient très vite débordé, les introvertis doivent donc passer du temps seuls pour « se recharger ». On appelle cela la « gueule de bois de l’introverti ». Le fait de se mettre en retrait permet d’activer le système nerveux parasympathique qui est responsable du ralentissement de l’organisme. Ces précieux moments de « repos » permettent aussi d’abaisser les niveaux de cortisol et d’adrénaline trop élevés.
L’introversion, longtemps mal comprise et stigmatisée, est malgré tout de plus en plus reconnue et valorisée dans la société moderne.
Il est également rassurant de penser que de nombreuses personnalités célèbres et historiques ont ou avaient des traits introvertis. Albert Einstein, le célèbre physicien, était notamment connu pour son caractère introverti et son amour de la solitude. Mahatma Gandhi, le leader politique et spirituel indien, était également connu pour sa modestie et sa réserve. Bill Gates, le cofondateur de Microsoft est lui aussi souvent décrit comme un introverti, tout comme J.K. Rowling, l’auteure de la série Harry Potter.
