Un nouvel espoir de traitement pour l’infertilité masculine

Les flagelles de spermatozoïdes contiendraient des "ressorts élastique" qui leur confère du mouvement / Crédits University of York

Injecter certaines protéines dans les testicules dans le but d’augmenter la production de spermatozoïdes et traiter l’infertilité masculine, telle la promesse d’une étude (réussie) menée chez la souris.

En France, environ un couple sur huit consulte en raison de difficultés à concevoir un enfant. Dans trois quarts des cas, il est question d’une infertilité d’origine masculine, féminine ou associées deux sexes. Chez l’homme, les anomalies de la spermatogenèse (le processus de production des spermatozoïdes) sont de loin les causes les plus fréquentes d’infertilité. Parmi elles se distingue l’oligospermie qui se caractérise par un manque de production de spermatozoïdes (inférieur à trente millions/ml).

Sur ce constat, des chercheurs de l’Université nationale de Séoul ont développé un moyen de réactiver cette production de spermatozoïdes. De premiers essais menés chez la souris se sont révélés très concluants. Des mâles auparavant infertiles ont en effet rapidement engendrer des petits à un rythme similaire à celui des souris non affectées. Les détails de ces travaux sont publiés dans la revue ACS Nano.

Restaurer la barrière hématotesticulaire

Semblable à la barrière hématoencéphalique qui protège le cerveau, la barrière hématotesticulaire protège les cellules qui produisent les spermatozoïdes en les isolant des substances toxiques capables d’évoluer dans les cellules sanguines. Si cette barrière est endommagée, la production de spermatozoïdes peut alors être affectée.

Les spécialistes savent qu’une certaine protéine appelée PIN1 joue un rôle clé dans le développement de cette barrière hématotesticulaire. Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont ainsi cherché un moyen d’augmenter les niveaux de cette protéine dans les testicules dans le but de la « reconstruire ».

Les chercheurs  ont intégré cesdites protéines dans des nanoparticules de fibroïnes de soie enrobées de lipides. Celles-ci ont ensuite été injectées directement dans les testicules de souris mâles spécialement élevées pour manquer de protéines PIN1. Autrement dit, il s’agissait de souris dont les testicules avaient rétréci et dont la production de spermatozoïdes n’était pas suffisante.

infertilité testicules
L’une des protéines (rouge) encapsulée dans des nanoparticules de fibroïne (vert). Crédits : ACS Nano 2020.

Infertilité restaurée

Résultat : les testicules des sujets concernés se sont finalement développés pour atteindre une taille et un poids normaux. Leur nombre de spermatozoïdes s’est également amélioré, bien qu’il soit resté environ 50% inférieur à celui des souris « saines ». Néanmoins, cela ne semblait pas affecter leur fertilité. Au cours des mois suivants, les souris traitées aux nanoparticules ont en effet réussi à engendrer quasiment le même nombre de souriceaux que leurs congénères.

D’un autre côté, les souris infertiles d’un groupe témoin, qui n’ont pas profité du traitement, sont évidemment restées infertiles.

Il est naturellement trop tôt pour savoir si ce type d’approche pourrait également fonctionner lez l’Homme. Des études approfondies seront encore nécessaires sur des modèles animaux avant d’envisager des premiers essais cliniques.