Première mondiale : une prothèse de jambe « sensible » dévoilée en Autriche

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Des chercheurs de l’université de Linz, en Autriche, viennent d’offrir un nouveau membre à un patient amputé. La prothèse recrée la sensibilité du membre qu’il a perdu et offre un espoir contre les douleurs fantômes dont souffrent beaucoup d’amputés. Une première mondiale!

L’invention est l’œuvre du professeur Hubert Egger, de l’Université de Linz, en Autriche, qui en 2010, avait également dévoilé une prothèse de bras contrôlée par la pensée, grâce à la mise en place d’une connexion entre les nerfs moteurs et la prothèse. Pour cette nouvelle prothèse, les chercheurs ont associé le déplacement de faisceaux de nerfs et la mise en œuvre de capteurs sur une prothèse connectée d’un nouveau type. Six capteurs ont été disposés sous la plante de la jambe artificielle puis reliés aux terminaisons nerveuses restantes dans le moignon du patient. « Sur un pied en bonne santé, ce sont des récepteurs sur la peau qui remplissent cette fonction. Chez un amputé, ils manquent, bien sûr. Mais les transmetteurs d’information que sont les nerfs continuent d’exister. Il suffit de les stimuler », résume le professeur Egger.

Wolfgang Rangger, un ancien enseignant qui a perdu sa jambe droite après avoir subi une attaque cérébrale et qui a passé les six derniers mois à essayer la nouvelle jambe, explique que la prothèse a complètement changé sa vie. « J’ai l’impression d’avoir de nouveau un pied. Je ne glisse plus sur la glace, je ressens la différence quand je marche sur du gravier, le béton, l’herbe ou le sable. Je sens même les petits cailloux ».

Lorsque Wolfgang marche avec sa nouvelle prothèse, celle-ci est a peine perceptible. Il peut aujourd’hui courir, faire du vélo et même de l’escalade. Mais le plus important pour lui, comme pour la plupart des personnes amputées, la prothèse a mis fin aux insoutenables douleurs fantômes qu’il avait dû supporter pendant des années après avoir perdu sa jambe. « Avec ma prothèse conventionnelle. J’arrivais à peine à marcher. Je ne dormais pas plus de deux heures par nuit, et j’avais besoin de morphine pour tenir le coup dans la journée. »

Les médecins parlent de membre fantôme lorsqu’un amputé a la sensation que son membre manquant est toujours relié à son corps et interfère même avec d’autres parties de son organisme. Peuvent alors apparaître des douleurs fantômes que rien, ni les médicaments, ni d’éventuels massages, ne parviennent à soulager.

Les chercheurs autrichiens indiquent que la rééducation afin que le patient puisse s’adapter à sa nouvelle prothèse après la chirurgie est rapide et qu’il n’y a aucun risque pour la santé. Le seul danger connu réside dans le fait que les nerfs ne se puissent pas se connecter correctement, ne permettant donc pas au patient de retrouver ses sensations.

Le coût de la prothèse est évalué entre 10 000 et 30 000 euros. Avant de lancer l’industrialisation à grande échelle, le professeur Egger et toute son équipe souhaitent analyser plus en profondeur les résultats de leur première intervention. Ils espèrent aussi que de petites entreprises se joindront à eux pour aider à faire baisser les coûts.

Source : AFP