Pour détecter la vie extraterrestre, un seul grain de glace pourrait suffire

Europe
Crédits : NASA/JPL-Caltech/SwRI/MSSS Traitement d'image par Bjorn Jonsson CCBy-NC-SA 2.0

Des chercheurs ont récemment réalisé des expériences en laboratoire pour déterminer si des engins spatiaux pourraient détecter des signes de vie extraterrestre dans les panaches de glace qui émanent des lunes océaniques comme Encelade, celle de Saturne, et Europe, celle de Jupiter. Ces panaches, qui proviennent des vastes océans souterrains de ces lunes, pourraient contenir des grains de glace susceptibles d’être infusés de cellules bactériennes et d’autres molécules organiques. Ils pourraient ainsi offrir une opportunité unique d’identifier la présence de vie extraterrestre.

À la recherche de vie extraterrestre

Les lunes glacées Encelade et Europe captivent l’imagination des exobiologistes depuis des décennies en raison de la présence d’océans souterrains liquides sous leur surface gelée. Ces vastes réserves, chauffées par les forces de marée gravitationnelles exercées par leurs planètes hôtes, pourraient en effet offrir un environnement propice à la vie microbienne, voire à des formes de vie plus complexes. Dans une étude récemment publiée, des chercheurs se sont penchés sur la possibilité de détecter ces potentiels signes de vie dans les panaches de glace qui en émanent. Ces jets de matériaux projetés dans l’espace à partir des fissures de la surface glacée pourraient en effet contenir des grains de glace infusés de molécules organiques, voire de cellules bactériennes provenant des océans souterrains.

Pour simuler les conditions des panaches de glace en laboratoire, les chercheurs ont utilisé de l’eau liquide qui contient des cellules bactériennes. Cette approche expérimentale visait à déterminer si les engins spatiaux pourraient détecter ou non des signes de vie, même minuscules, dans ces grains de glace lors de survols de lunes océaniques.

cryobots encelade vie
Une illustration montre des panaches de glace jaillissant de la lune Encelade de Saturne. Crédits : NASA

Des résultats prometteurs

Les résultats de l’étude ont révélé que même une infime fraction de cellules bactériennes incrustées dans des grains de glace pouvait être détectée à l’aide de la spectroscopie de masse, une technique couramment utilisée par les engins spatiaux. Dans le détail, l’échantillon est vaporisé et ionisé, ce qui signifie que les molécules sont converties en ions chargés en perdant ou en gagnant des électrons. Les ions ainsi formés sont ensuite accélérés à travers un champ électrique vers un analyseur de masse. Ils sont ensuite séparés en fonction de leur rapport masse/charge (m/z). Enfin, les ions sont détectés par un détecteur qui enregistre le nombre d’ions arrivant à chaque m/z, créant ainsi un spectre de masse caractéristique de l’échantillon.

Cette découverte suggère ainsi que les vaisseaux spatiaux pourraient potentiellement identifier des signes de vie dans les panaches de glace des lunes océaniques lors de missions d’exploration planétaire. Par exemple, la mission Europa Clipper de la NASA, prévue pour explorer la lune glacée Europe de Jupiter, pourrait échantillonner des milliers de grains de glace lors de chaque survol, augmentant ainsi les chances de détecter des cellules bactériennes, si elles existent sur la lune.

Cependant, malgré ces avancées prometteuses, la recherche de vie extraterrestre reste un défi complexe. Les chercheurs reconnaissent en effet que les cellules bactériennes pourraient être présentes dans seulement quelques-uns des nombreux grains de glace projetés dans l’espace par les lunes glacées. Néanmoins, les progrès technologiques dans les instruments des vaisseaux spatiaux pourraient améliorer les chances de détecter des signes de vie, même microscopiques, dans ces environnements extrêmes.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Science Advances.