Les poissons-clowns subissent eux-aussi le réchauffement climatique !

Crédit : weilun523 / Pixabay

Le réchauffement climatique engendre de nombreux déséquilibres au sein des écosystèmes. Le déséquilibre du cycle de vie d’une espèce engendrera le déséquilibre de celui d’une autre. Ces réactions en chaîne justifient bien une interdépendance écosystémique. Une nouvelle étude vient de nouveau mettre en avant ce phénomène : la destruction des anémones de mer, habitat naturel de nombreuses espèces marines, sème le trouble chez les poissons-clowns : leur fécondité aurait baissé de 73 % !

Pendant quatorze mois, les chercheurs du Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement, accompagné du CNRS, de l’EPHE et de l’Université de Perpignan, se sont intéressés aux conséquences environnementales engendrées par le blanchiment des anémones de mer. Les anémones sont des animaux marins vivants en symbiose avec une algue microscopique et dont le support est fixe. Elles sont les hôtes de nombreuses espèces de poissons et sont donc indispensables à la subsistance de nombreux organismes.

Il a été observé que le réchauffement climatique actuel provoquait la disparition des microalgues vivant en symbiose avec les anémones de mer, engendrant ainsi leur blanchiment. Ce phénomène aurait des répercussions sans précédent sur les poissons-clowns, lesquels utilisent les anémones pour se protéger et pour pondre leurs œufs. Leur réponse au stress serait en hausse et leur système endocrinien totalement déréglé. Les scientifiques annoncent une baisse de fécondité de l’ordre de 73 % chez cette espèce !

Crédits : Nature/Ricardo Beldade – Les effets des anémones qui blanchissent sous l’effet des températures des eaux sur les réactions hormonales au stress et la reproduction de ces poissons.

Pour obtenir ces résultats, les biologistes ont étudié deux types de couples de poissons-clowns : certains logeant au sein d’anémones blanchies par le réchauffement climatique, d’autres non. Ils se sont cantonnés aux récifs coralliens de l’île de Moorea (Polynésie française), où le phénomène climatique El Nino a engendré le réchauffement des eaux. Entre octobre 2015 et décembre 2016, les scientifiques ont effectué plusieurs prélèvements de sang pour observer les conséquences physiologiques engendrées par le phénomène : l’hormone du stress, le cortisol, était en hausse contrairement aux hormones sexuelles dont la concentration était en très forte baisse !

La diminution du taux d’hormones sexuelles est responsable d’une importante baisse de la fécondité. La subsistance des poissons-clowns dans ces écosystèmes altérés est donc lourdement remise en cause, synonyme d’une perte de biodiversité. L’espèce ne serait pas la seule à subir les effets en cascade du réchauffement climatique : près de 12 % des poissons côtiers de la Polynésie française utilisent les anémones de mer en tant qu’habitat et il ne serait pas surprenant d’observer des répercussions physiologiques similaires chez ces mêmes espèces.

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