Une équipe de chercheurs affirme que les preuves les plus anciennes de baiser humain documenté remontent à environ 4 500 ans, comme en témoigne l’analyse d’une tablette d’argile retrouvée en Mésopotamie. Cependant, il est fort probable que nos ancêtres s’embrassaient déjà bien avant cela, ce qui signifie que nous avons peut-être propagé des maladies via cette pratique tout au long de notre histoire.
À quand remonte le « premier baiser » ?
Certaines études suggèrent que la première référence connue de baisers romantiques et sexuels humains provient d’un manuscrit de l’âge du bronze originaire d’Inde. Ce manuscrit, connu sous le nom de Rigveda, est une collection de textes sacrés datant d’environ 1500 avant notre ère. Divers aspects de la vie quotidienne y sont décrits, y compris les relations. Certains hymnes du Rigveda mentionnent ainsi des gestes d’affection tels que les baisers partagés entre amoureux.
Toutefois, un nouvel article publié dans la revue Science vient de repousser l’âge de cette première référence. Pour ce travail, une équipe dirigée par Troels Pank Arbøll, expert en histoire de la médecine en Mésopotamie, s’est appuyée sur une série de tablettes vieilles d’environ 4 500 ans, originaires de l’actuel Moyen-Orient.
Dans l’ancienne Mésopotamie, les gens écrivaient en écriture cunéiforme sur des tablettes d’argile dont plusieurs milliers ont survécu jusqu’à ce jour. Or, certaines semblent confirmer l’idée selon laquelle les baisers étaient considérés comme faisant partie de l’intimité amoureuse.
Si cette nouvelle étude repousse les premières preuves de baisers humains d’environ 1 000 ans, les chercheurs notent cependant que cette pratique pourrait être encore beaucoup plus ancienne que cela. En effet, des études ont déjà évoqué de possibles transferts de bactéries orales entre les Néandertaliens et les humains modernes il y a plus de 100 000 ans.
Par ailleurs, comme le notent les auteurs, des comportements similaires ont également été observés chez d’autres primates, tels que les bonobos et les chimpanzés, les animaux vivants les plus proches des humains. Cette observation laisse donc penser que les baisers pourraient avoir des racines évolutives plutôt que culturelles.

Quel rôle dans la propagation des maladies ?
Au-delà de son importance pour le comportement social et sexuel, l’acte de s’embrasser pourrait avoir joué un rôle secondaire et involontaire tout au long de l’histoire dans le transfert de micro-organismes par voie orale.
Les maladies infectieuses existent en effet depuis l’aube de l’histoire. Par ailleurs, les progrès récents de la technologie d’extraction de l’ADN ont permis la détection d’un large éventail de génomes pathogènes, dont celui du virus de l’herpès simplex 1 (HSV-1) dans d’anciens restes humains. Or, nous savons que ces agents pathogènes peuvent infecter les humains par différentes voies de transmission, y compris la salive.
Plus récemment, il a même été proposé qu’une maladie appelée bu’šānu, décrite dans des textes médicaux anciens, pourrait avoir reflété une infection par le HSV-1. La maladie était vraisemblablement localisée dans ou autour de la bouche et du pharynx, et le nom lui-même dérivait d’un verbe signifiant « puer ». Plusieurs descriptions de la maladie incluent aussi le symptôme bubu’tu, un terme qui pourrait faire référence à la vésicule. Or, les vésicules dans ou autour de la bouche sont l’un des signes dominants de l’infection par le virus de l’herpès.
Cela étant dit, il ressort de cette étude que les baisers ne doivent pas être considérés comme une coutume issue exclusivement d’une seule région à partir de laquelle ils se seraient propagés. Ils semblent plutôt avoir été pratiqués dans de multiples cultures au cours de plusieurs millénaires. De ce fait, l’hypothèse selon laquelle le baiser serait un déclencheur biologique soudain derrière la propagation d’agents pathogènes particuliers, comme cela a déjà été proposé, est remise en cause. Si sa pratique était répandue et bien établie dans diverses sociétés anciennes, ses effets en matière de transmission d’agents pathogènes doivent probablement avoir été plus ou moins constants.
