Les arbres jouent un rôle primordial dans l’absorption du dioxyde de carbone ou plutôt sa séquestration. Afin de mesurer les quantités absorbées par ces arbres à l’échelle locale, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) a mis au point la plateforme Biomass Carbon Monitor.
Une observation sur dix ans
Rappelons tout d’abord qu’environ un quart du dioxyde de carbone (CO2) rejeté dans l’atmosphère par les activités humaines est absorbé par la végétation et les sols. Il s’agit de « puits de carbone » qu’incarnent la plupart du temps les forêts tropicales. Récemment, des chercheurs ont cependant affirmé que l’Amazonie émet désormais davantage de carbone qu’elle n’en absorbe. Il faut dire que la forêt amazonienne à elle seule s’occupait de plus de la moitié du CO2 que prenaient en charge la végétation et les sols.
En partant de ce constat, le suivi général des variations de la capacité des forêts à réduire le carbone est crucial. Dans un communiqué du 29 octobre 2021, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) a affirmé être à l’origine d’une plateforme librement accessible : Biomass Carbon Monitor.
Ce site permet de réaliser ce travail de suivi. Il dispose de données à partir de 2011 et fera l’objet de mises à jour quatre fois par an. Précisons également que le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) a collaboré au projet, tout comme la société française Kayrros, experte dans la collecte et l’analyse des images satellites.
De premiers enseignements
L’INRAE explique que la plateforme Biomass Carbon Monitor a déjà permis d’apprendre plusieurs choses. Par exemple, un important puits de carbone est visible dans le sud de la Chine, dans une zone comprenant plusieurs provinces, dont le Yunnan, le Sichuan, le Guangxi ainsi que le Guangdong où se trouve Hong Kong. Depuis 2011, ce puits représente un gain d’environ 80 millions de tonnes de carbone chaque année. Or, la formation de cet imposant puits est sans doute le résultat de a repousse de la végétation permise par des programmes publics de reboisement et de restauration. Citons également une meilleure gestion des forêts et une baisse de la pression qu’exercent les populations locales en termes d’exploitation.
L’institut précise également que dans la Russie occidentale, certains districts (Centre, Caucase du Nord et du Sud et Volga) ont séquestré environ cent millions de tonnes de carbone chaque année sur la dernière décennie. Cette quantité est plus importante que celle observée au niveau des forêts de toute l’Union européenne. Des puits de carbone plus modestes existent aussi en Asie du Sud-Est (30 millions de tonnes) et en Afrique, dans le bassin du Congo (45 millions de tonnes).
Cependant, la situation d’une imposante part des forêts tropicales est très préoccupante, principalement dans des pays tels que le Brésil et la Bolivie. Ces deux états accusent à eux seuls une perte de soixante millions de tonnes par an à cause de la diminution de la végétation.