Une « économie de partage » du lait maternel serait bénéfique pour la fertilité des mammifères

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Selon une étude récente, les femelles mammifères qui partagent leur lait maternel avec d’autres petits que les leurs bénéficient de plus d’avantages biologiques. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ?

Des avantages biologiques pour celles qui partagent leur lait maternel

Le lait maternel est assez souvent au cœur de certaines recherches. En 2020, une société avait par exemple créé un lait pour bébé nouvelle génération s’approchant davantage du lait maternel. D’autres études ont permis de découvrir un nouveau bienfait du lait maternel ou encore de mettre en garde contre son utilisation comme produit dopant. Plus récemment, un duo d’anthropologues biologiques de l’Université de New York (États-Unis) a quant à lui mené des travaux présentant les avantages biologiques des femelles mammifères assurant un partage de leur lait maternel avec leurs petits, mais également ceux d’autres femelles.

Les travaux publiés dans la revue PNAS le 1er mars 2022 ont concerné environ 1 800 espèces de mammifères incluant notamment des primates et des rongeurs. Paola Cerrito, coautrice de l’étude, a indiqué que l’idée de telles recherches provenait de sa grand-mère italienne. Cette dernière avait survécu à la Seconde Guerre mondiale et avait expliqué à sa petite-fille comment les jeunes mères de l’époque s’entraidaient au niveau de l’allaitement. En effet, certaines mères allaitaient des nouveau-nés qui n’étaient pas les leurs. Cette pratique avait fait son apparition à une période où de très nombreuses personnes souffraient de malnutrition.

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Une meilleure « production totale de la reproduction »

Le duo de scientifiques a élaboré des modèles visant à évaluer différents types d’aide parentale quant à leurs performances reproductives chez des mammifères sauvages et domestiques. Selon les résultats, l’alloallaitement (l’autre nom du partage du lait) permet une meilleure fertilité chez les femelles allaitant d’autres petits que les leurs. Or, ce bénéfice de fertilité est plus important que celui que confèrent la sélection naturelle et surtout la domestication. Concrètement, les femelles partageant leur lait ont généralement des portées plus importantes et mettent ainsi au monde davantage de petits chaque année (+20 % en moyenne).

La domestication permet un meilleur approvisionnement en ressources énergétiques par rapport à l’état sauvage. En revanche, l’augmentation des capacités de reproduction est limitée, car la lactation demande des efforts considérables d’un point de vue métabolique. Or, l’alloallaitement est un supplément énergétique indépendant du métabolisme maternel. Ainsi, la contrainte physiologique du métabolisme est contournée, ce qui permet aux capacités de reproduction de connaître une hausse.

Selon les chercheurs, leurs travaux donnent aussi l’occasion de mieux appréhender les avantages biologiques des nourrices chez les humains. Ils affirment en effet que leurs résultats témoignent d’une maximisation de la production totale de la reproduction. Autrement dit, l’alloallaitement permet la survie de davantage de nouveau-nés.