Ce parc veut réintroduire des mammouths pour lutter contre le réchauffement climatique

Crédits : Wikimedia Commons

Un parc animalier du nord de la Sibérie (Russie) tente de recréer les écosystèmes de l’ère glaciaire dans le but de lutter contre le réchauffement climatique. Et une des composantes de ce projet est la possibilité de réintroduire des mammouths.

Le parc en question n’est autre que le Pleistocene Park, une réserve naturelle et un centre d’études scientifiques de Sibérie situé dans la République de Sakha. Créée en 1977, la zone s’étend sur près de 150 kilomètres carrés où vivent des animaux tels que des bisons, des rennes, des bœufs musqués ou encore des chevaux sauvages.

L’appellation Pleistocene Park vient du terme Pléistocène, correspondant à une période géologique qui s’étend de 2,58 millions d’années à 11 700 ans avant notre ère. Or en ce temps-là, ces vastes plaines sibériennes étaient le lieu de vie de nombreux animaux aujourd’hui disparus tels que le tigre aux dents de sabre, le léopard des neiges ou encore le célèbre mammouth. Ces écosystèmes disparus font l’objet de recherches menées par le scientifique Sergey Zimov, qui a l’intention de les reconstituer.

Pour l’intéressé, il est question de « retrouver les conditions qui ont précédé l’arrivée des Hommes sur la steppe », et si les animaux qui entretenaient ces mêmes conditions ont disparu, cela est dû au changement climatique de la fin de l’âge de glace, mais également à cause de l’homme. La toundra, type de végétation caractérisée par de petits arbres et une épaisse couche de mousse est le résultat de la disparition de ces grands herbivores brouteurs et des prédateurs carnivores qui régulaient la taille et le déplacement des troupeaux.

Or la disparition de l’herbe n’est pas quelque chose de positif, comme le déclarait Sergey Zimov dans une publication dans la revue Nature en 2005. Le scientifique estimait qu’un écosystème contenant principalement de l’herbe absorbe l’humidité, et les animaux qui mangent cette herbe nourrissent les sols (par leurs déjections) tout en les piétinant. Les prédateurs obligeant les herbivores à se déplacer fréquemment permettaient à l’herbe de repousser et de constituer une faune.

En revanche, dans le cas de la toundra, l’humidité reste au sol et les feuilles sombres des arbres absorbent la chaleur du soleil, un écosystème où très peu d’animaux peuvent survivre, synonyme d’une biodiversité très réduite. Le problème de la fonte du permafrost est également évoqué, qui sera dans un futur proche responsable de la libération de bactéries qui se nourriront de matière organique et donc, du rejet d’importantes quantités de CO2 et de méthane.

Selon le chercheur russe, faire revenir les mammouths serait une solution parfaite pour libérer les sols et permettre la repousse de l’herbe. Or la disparition des derniers mammouths s’est produite entre 5 700 et 1 700 av. J.-C. alors que les autres se sont éteints il y a plus de 12 000 ans. C’est ici que la recherche en génétique interviendrait, et plusieurs scientifiques ont fait de la résurrection des mammouths leur motivation première.

C’est par exemple le cas de George Church, spécialiste du séquençage génétique à l’Université de Harvard, qui estime avoir la capacité de créer d’ici à deux ans de grands éléphants poilus pouvant résister au froid sibérien. Le scientifique travaille actuellement à la modification des gènes des éléphants tels que nous les connaissons aujourd’hui. Toutefois ces recherches posent des questions éthiques et constituent également un risque concernant la survie de l’éléphant d’Asie – en voie de disparition – qui n’aurait pas besoin d’un nouveau concurrent.

Sources : ConsoGlobeAtlantico