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Peut-on ĂȘtre addict au porno ?

Crédits : Stokpic / Pexels

A Sherbrooke au QuĂ©bec, un programmeur informatique a essayĂ© de soigner sa « dĂ©pendance » Ă  la pornographie. En effet, ce dernier passait environ 12 heures par semaine Ă  visionner ce genre de contenu. Peut-on rĂ©ellement parler de dĂ©pendance Ă  la pornographie ?

« À un moment donnĂ©, ma femme a voulu me mettre dehors. C’est lĂ  que j’ai rĂ©alisĂ© que j’avais touchĂ© le fond » raconte François (nom fictif), dont les propos ont fait rĂ©cemment l’objet d’une publication du Journal de MontrĂ©al.

Le quinquagĂ©naire, mariĂ© et pĂšre de deux enfants qui ne sont pas encore entrĂ©s dans l’adolescence, passait prĂšs de 12 heures par semaine devant son Ă©cran Ă  visionner du porno. L’homme se disait dĂ©pendant Ă  ces contenus autant que d’autres personnes Ă  propos de drogues ou d’alcool. Son addiction nuisait alors Ă  sa vie de famille, car il Ă©tait gravement sujet Ă  des sautes d’humeur et Ă  un tempĂ©rament de plus en plus agressif.

« C’est arrivĂ© progressivement. Il y a 20 ans, sur internet, c’était trĂšs long avant qu’on ait accĂšs Ă  une photo. Aujourd’hui, on en a des milliers rapidement. C’est comme si j’étais passĂ© de la marijuana Ă  l’hĂ©roĂŻne juste parce que la fibre optique est entrĂ©e dans ma maison », explique François.

Le problĂšme, c’est que l’homme est programmeur informatique, ce qui n’aide pas. En effet, il Ă©tait aux premiĂšres loges pour se connecter sur Internet et assouvir ses besoins, alors qu’il travaillait le plus souvent seul chez lui Ă  l’abri des regards.

« C’est comme ĂȘtre un barman alcoolique. C’est sĂ»r que ce n’était pas Ă©vident Ă  gĂ©rer », poursuit-il.

François avait tentĂ© de soigner son addiction, et ce en s’inscrivant Ă  deux thĂ©rapies fermĂ©es, mais la rechute n’en fĂ»t que plus belle, la faute Ă  un retour au travail prĂ©cipitĂ© et Ă  un voyage d’affaires. Plusieurs annĂ©es ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires Ă  François pour qu’il admette son problĂšme, n’ayant par le passĂ© aucunement compris l’intĂ©rĂȘt des thĂ©rapies de groupes, mĂȘme s’il cĂŽtoyait des personnes dĂ©pendantes Ă  d’autres choses que lui. DĂ©sormais, chez François, l’ordinateur a Ă©tĂ© placĂ© dans un endroit Ă  la vue de tous et ses temps libres sont consacrĂ©s Ă  d’autres activitĂ©s, comme le dessin.

« Trop de pornographie dĂ©rĂšgle les rĂšgles de base biologiques auxquelles on a Ă©tĂ© habituĂ©. C’est tellement excessif, que ça crĂ©e des perturbations », explique Maxime Verreault du centre de thĂ©rapie CASA, Ă  Saint-Augustin-de-Desmaures (QuĂ©bec).

Peut-on rĂ©ellement parler de dĂ©pendance Ă  la pornographie ? En rĂ©alitĂ©, les avis divergent. Par exemple, une Ă©tude de ValĂ©rie Voon, neuropsychiatre Ă  l’universitĂ© de Cambridge (Royaume-Uni), dĂ©voilĂ©e en 2015 stipulait que :

« Quand les alcooliques voient une publicitĂ© pour une boisson, leur cerveau s’éclaire d’une certaine façon et ils vont ĂȘtre stimulĂ©s d’une certaine maniĂšre. Nous observons ce mĂȘme type d’activitĂ© chez les utilisateurs de pornographie. »

Ceci contredit notamment une seconde Ă©tude datant de 2013, menĂ©e par des chercheurs de l’universitĂ© de Californie Ă  Los Angeles (UCLA). Celle-ci annonçait que les rĂ©actions neurologiques des personnes accros au porno Ă©taient Ă  l’inverse de celles des dĂ©pendants Ă  la cocaĂŻne, au tabac, ou encore aux jeux d’argent. Cette Ă©tude remettait d’ailleurs en cause les traitements censĂ©s soigner la dĂ©pendance Ă  la pornographie, une notion qui, selon les chercheurs amĂ©ricains, n’existe pas.

Sources : Le Journal de MontrĂ©al — Rue 89 — Top SantĂ©

Yohan Demeure, expert géographe

Rédigé par Yohan Demeure, expert géographe

LicenciĂ© en gĂ©ographie, j’aime intĂ©grer dans mes recherches une dimension humaine. PassionnĂ© par l’Asie, les voyages, le cinĂ©ma et la musique, j’espĂšre attirer votre attention sur des sujets intĂ©ressants.