Nicaragua : des abeilles résistantes aux pluies acides volcaniques !

Crédits : Hilary Erenler / Science

Ces abeilles sont incroyables. Elles vivent au sommet d’un volcan en milieu dĂ©sertique, supportent des tempĂ©ratures pouvant monter jusqu’Ă  42°C et subissent chaque jour sans encombre des pluies acides. La dĂ©couverte d’un millier de ces abeilles laisse cependant la communautĂ© scientifique assez perplexe.

Le volcan Masaya, qui se trouve Ă  moins de 10 kilomètres de la capitale Managua est un des plus actifs du Nicaragua. La zone autour du volcan, le parc volcanique Masaya, a Ă©tĂ© baptisĂ©e « kill zone » (zone meurtrière) par les scientifiques, un coin oĂ¹ le danger est Ă©norme.

Hilary Erenler, chercheuse de l’universitĂ© de Northampton (Royaume-Uni), Ă©tudie depuis 2008 la prĂ©sence de papillons pollinisateurs dans cette zone. Dans la partie supĂ©rieure du volcan, la scientifique a tout rĂ©cemment fait une dĂ©couverte surprenante : des abeilles vivent lĂ , au milieu des cendres volcaniques.

L’abeille, faisant partie de l’espèce Anthophore squammulosa, a Ă©tĂ© observĂ©e dans cette zone hostile Ă  la recherche de nectar, tandis que des nids de près de 30 centimètres de diamètre ont Ă©tĂ© trouvĂ©s. Pour Hilary Erenler, c’est la surprise totale puisqu’il s’agit de la première fois qu’elle observe la prĂ©sence de ces abeilles en cinq voyages dans le parc volcanique Masaya, et ce sur une pĂ©riode de trois ans.

AccompagnĂ©e de son Ă©quipe de recherche et Ă©quipĂ©e d’un masque Ă  gaz, la scientifique a pu noter la prĂ©sence de 1000 Ă  2000 abeilles, et ce sont les premières du genre Ă  s’installer dans de telles conditions de vie hostiles. Hilary Erenler dĂ©taille ses recherches dans une publication dans la revue Science le 29 juillet 2016.

Ă€ propos des conditions de vie des abeilles, Hilary Erenler indique que « l’emplacement du nid est exposĂ© aux Ă©missions de gaz continues, fortement acides (supĂ©rieure Ă  2,7 mg/kg de SO2 -dioxyde de souffre-), et aux Ă©vents qui laissent le paysage recouvert de cendres et de tephra ».

Pour ravitailler les larves et permettre leur dĂ©veloppement, les abeilles se lancent Ă  la recherche de pollen en survolant la zone du volcan. Après analyse du pollen rĂ©coltĂ© par une dizaine d’abeilles, 99% de celui-ci provient d’une seule plante, la Melanthera nivea, une fleur sauvage si robuste qu’elle rĂ©siste aux pluies acides volcaniques.

Aussi incroyable que cela puisse paraitre, alors que les abeilles sont partout décimées par les activités humaines (pesticides), les parasites (varroa) et autres prédateurs (frelon asiatique), elles prospèrent au sommet du volcan Mayasa, au Nicaragua. Et pourtant, cette situation est logique : une absence de prédateurs (ou de parasites) relative à un climat hostile, et comme très peu de plantes survivent dans la zone, les nids ne sont pas détruits par des racines souterraines.

« Je m’attends Ă  ce que bientĂ´t je revienne et qu’il y ait moins d’abeilles » dĂ©clare Hilary Erenler.

Selon elle, l’abeille s’expose Ă  d’autres dangers en adoptant cet environnement. Outre le risque d’éruption, une disparition de la Melanthera nivea pourrait Ăªtre fatale pour ces abeilles qui se nourrissent principalement de son pollen.

Sources : Sciences et AvenirScience World Report

Crédit photos : Science