Un cancer transmissible se propage actuellement via les ports

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Crédits : publicdomainpictures.net

Il y a peu, des chercheurs français ont fait la lumière sur un cancer contagieux qui se propage au sein des populations de moules. Or, les ports joueraient un rôle de foyer épidémiologique dans cette épidémie mondiale.

Un cancer qui touche les espèces de bivalves

Rappelons tout d’abord que dans la nature, les cancers contagieux sont très rares. Si le plus connu est celui qui touche depuis trois décennies les diables de Tasmanie (la Devil Facial Tumour Disease [DFTD]),  la plupart de ces cancers concernent en réalité les espèces de bivalves. En effet, la plupart des cancers transmissibles appartenant à pas moins de quatorze lignées touchent principalement les palourdes, les huîtres, les moules, les pétoncles et les autres familles de coquillages.

Comme l’explique une étude parue dans la revue Proceedings of the Royal Society B le 21 février 2024, la lignée concernée ici est la Mytilus trossulus Bivalve Transmissible Neoplasia 2 (ou MtrBTN2). Or, quatre espèces de moules sont particulièrement affectées : Mytilus trossulus, Mytilus chilensis, Mytilus edulis et Mytilus galloprovincialis.

Selon les auteurs, les cellules cancéreuses MtrBTN2 peuvent survivre plusieurs jours dans l’eau de mer. En revanche, il est fort peu probable que les contaminations à grande échelle s’expliquent actuellement par cette seule raison.

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Crédits : The Natural History of Bodega Head / Jackie Sones

Les ports, des foyers épidémiologiques

Dans le cadre de cette étude, une équipe de l’Université de Montpellier et du CNRS a porté son attention sur 76 populations de moules. Les éléments étudiés se trouvaient le long de la côte vendéenne et dans le sud de la Bretagne, et ce, dans différents habitats naturels et artificiels, à savoir les parcs de mytiliculture, les ports ainsi que les bouées flottant sur la mer. Selon les résultats, l’incidence du cancer transmissible est plus importante au sein des ports maritimes. Ces derniers jouent en effet un rôle de foyer épidémiologique dans cette épidémie mondiale.

Les scientifiques ont précisé que dans la nature, la contagion se produit seulement entre individus d’un même banc. Toutefois, les ports favorisent les contaminations entre les membres de différents bancs. Or, c’est le résultat du déplacement de moules malades fixées aux coques des bateaux.

Afin de tenter une limitation de l’épidémie de MtrBTN2 et ainsi préserver la santé des écosystèmes côtiers, les chercheurs de l’étude conseillent de renforcer les politiques de régulation du phénomène de « biofouling », un terme qui désigne le fait que des organismes marins s’accrochent aux navires. Or, il s’avère que si la gestion de ce phénomène existe bel et bien dans le cadre des échanges internationaux, les réglementations concernant le « bio-encrassement »  des bateaux de plaisance locaux doivent quant à elles être améliorées.