Des microplastiques isolés dans les poumons d’humains vivants, une première

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Crédits : Wojcicki Andrzej

Une équipe a découvert des microplastiques dans la plupart des échantillons pulmonaires prélevés sur des patients humains vivants. Certaines de ces particules se trouvaient également dans la partie inférieure des poumons. Ces travaux aideront désormais à orienter les futures études sur l’impact de ces microplastiques sur la santé respiratoire.

Définis comme des particules de plastique entre 1 μm et 5 mm, les microplastiques sont présents dans tous les compartiments environnementaux, des masses d’eau marine et d’eau douce aux sols, en passant par la nourriture et l’eau potable. Des microplastiques évoluent également en suspension dans l’air, que ce soit dans les centres-villes urbanisés, les ménages intérieurs ou même les régions extérieures les plus éloignées, ce qui entraîne une exposition humaine omniprésente et inévitable.

Par conséquent, les dangers associés à l’ingestion, au contact cutané et à l’inhalation de microplastiques sont de plus en plus préoccupants. Récemment, des chercheurs ont d’ailleurs même repéré des nanoparticules de plastique dans le sang humain. Des fibres synthétiques ont également déjà été observées dans des échantillons de tissus pulmonaires humains et des microplastiques ont déjà été trouvés dans des échantillons d’autopsie de cadavres humains. En revanche, il n’existait à ce jour aucune étude rigoureuse confirmant la présence de microplastiques dans les poumons de personnes vivantes. C’est désormais le cas.

Du plastique en profondeur

Dans le cadre d’une étude publiée dans la revue Science of the Total Environment, une équipe dirigée par Laura Sadofsky, maître de conférences en médecine respiratoire à la Hull York Medical School, a utilisé des échantillons de tissus pulmonaires de patients subissant des interventions chirurgicales dans le cadre de leurs soins de routine. Résultat : l’équipe a trouvé trente-neuf microplastiques (et non des nanoplastiques) dans onze des treize échantillons de tissus pulmonaires testés. Onze d’entre eux ont été trouvés dans la partie supérieure du poumon, sept dans la partie médiane et vingt et un dans la partie inférieure du poumon.

« Nous ne nous attendions pas à trouver le plus grand nombre de particules dans les régions inférieures des poumons, ou des particules de la taille que nous avons trouvée« , souligne la chercheuse. « C’est surprenant, car les voies respiratoires sont plus petites dans les parties inférieures des poumons. On s’attendait donc à ce que des particules de ces tailles soient filtrées ou piégées avant d’atteindre cette profondeur.« 

Les types de plastiques retrouvés les plus courants étaient ici des morceaux de PET, utilisés pour fabriquer des bouteilles de boissons, le polypropylène, utilisé pour les emballages en plastique et la tuyauterie, ou encore de la résine plastique souvent utilisée comme adhésif ou scellant.

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Des microplastiques. Crédits : Institut de technologie du New Jersey

Quels impacts sur la santé ?

Fait intéressant : les seuls échantillons qui avaient échappé à l’infiltration provenaient de femmes. L’équipe pense que cela pourrait être dû au fait que les hommes ont des poumons plus gros, et donc des voies respiratoires plus grandes. Toutefois, la taille de l’échantillon reste trop petite pour pouvoir confirmer cette hypothèse. D’autres travaux plus approfondis seront donc nécessaires avant de pouvoir tirer des conclusions définitives.

La caractérisation des types et des niveaux de microplastiques de cette étude pourra également éclairer les conditions réalistes d’expériences d’exposition en laboratoire dans le but de déterminer les effets de ces microplastiques encore débattus sur la santé humaine.