Même décapité, ce vers peut régénérer sa tête avec toute sa mémoire

Crédits : Xavier japiot / Wikipédia

Que se passe-t-il lorsqu’on coupe un ver en deux ? Obtenons-nous 0, 1 ou 2 vers différents ? Beaucoup connaissent la réponse, un ver (vivant) au maximum. Cependant la régénération d’un autre type de ver fait fantasmer la médecine…

Couper un ver de terre en deux ne donne qu’un seul ver vivant si la partie contenant le système nerveux est suffisamment grande pour pouvoir continuer à vivre et créer le reste du corps. En effet, le ver de terre est un invertébré, il n’a donc pas d’os cassés lorsqu’on le coupe en deux. De plus ses organes sont regroupés près de la tête. Pour garder l’animal en vie, il faut donc lui laisser de sa tête jusqu’à son clitellum. Le clitellum est l’anneau rose assez visible sur les vers de terre. Il n’a pas de cicatrice, car celle-ci est une désorganisation des cellules reconstruites, or ses cellules se régénèrent complètement et de façon organisée pour reformer les membres coupés, mais il y a mieux !

Il existe un autre type de vers doté d’une plus grande capacité de régénération : le ver planaire. Ce ver peut en effet survivre avec seulement 1/300 de leur longueur totale ! Plus surprenant encore, des chercheurs du Massachusetts (université Tufts) ont remarqué que non seulement ce ver arrivait à recréer sa tête après décapitation, mais aussi que sa mémoire restait intacte. Pour ce faire ils ont entrainé des spécimens à trouver leur nourriture par rapport aux matériaux du sol sur lequel ils étaient fixés. Pour que ce soit bien un test de mémoire les scientifiques ont placé leur nourriture dans des endroits peu fréquentés par les planaires. Ces lieux étaient placés loin des bords de leur « cage » et étaient très lumineux – des endroits où, en temps normal, il y aurait pu y avoir des prédateurs. Après décapitation et repousse de la tête (environ 20 jours), les scientifiques ont testé à nouveau les vers. Le résultat a été concluant à partir du deuxième essai : les vers ayant suivi la formation de mémoire retrouvaient plus facilement leur nourriture que les autres.

Bien que la vie d’un ver paraisse sans grand intérêt au premier abord, le phénomène de régénération intéresse beaucoup les instituts pharmaceutiques, les médecins et les neuroscientifiques. Les premiers pour la régénération des cellules de la peau, une jeunesse éternelle ! Les seconds pour la capacité à recréer un organe entièrement, il n’y aurait plus alors de prothèses, plus de problème de rejet de greffe, plus de cicatrices … Pour les derniers, c’est la régénération de la mémoire qui est visée, car le ver planaire possède un cerveau centralisé, des connexions synaptiques, etc… qui sont communs aux vertébrés et donc aux hommes. Or, avec de plus en plus de personnes atteintes d’Alzheimer, le fait de pouvoir créer de nouvelles connexions neuronales serait une avancée majeure.

Sources : MaxiSciences, Le Monde